Cinéma belge, flashback 2024: 2e partie

On continue à remonter le calendrier 2024 de l’année du cinéma belge, des films belges du BRIFF aux dernières sorties de l’année!

JUILLET-AOÛT

L’édition 2024 du BRIFF – Brussels International Film Festival s’achève avec son palmarès, qui fait traditionnellement la part belle au cinéma belge, qui a droit à sa propre compétition. Tandis que le très beau film de Samira El Mouzghibati, Les Miennes (sorti en octobre, remporte le Prix du Meilleur montage), c’est Sauve qui peut, le nouveau documentaire de la cinéaste Alexe Poukine, qui remporte le Grand Prix, ainsi que le Prix du public. Alexe Poukine nous en parlait à l’occasion de la sortie belge du film le 4 décembre.

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En août, le cinéma belge passe à l’action avec la sortie de Largo Winch: le Prix de l’argent, troisième volet des aventures du justicier milliardaire imaginé par Jean Van Hamme dans les années 70, réalisé avec brio (et audace!) par Olivier Masset-Depasse. Un film d’action et d’aventures grand public malin et hyper divertissant, parfaitement estival, une première pour le cinéma belge, dont le réalisateur nous parle ci-dessous.

SEPTEMBRE

La rentrée démarre sur les chapeaux de roue d’une course poursuite en plein coeur de Bruxelles avec la sortie de La nuit se traine, le premier long métrage de Michiel Blanchart. Remarqué avec son court T’es morte Hélène, en lice pour les Oscars, le jeune cinéaste belge signe un thriller nocturne sous haute tension, électrisé par des questionnements sociétaux brûlants, le racisme structurel et les violences policières. Un premier film brillant, nourri de la cinéphilie éclectique de son auteur, qui a rencontré les faveurs de la critique comme du public, dépassant les 40.000 entrées. Au génétique du film, on retrouve notamment le jeune comédien belge Jonas Bloquet, qui nous parle de ce film choc.

A lire: La nuit se traine, fièvre à Bruxelles 

 

L’autre sortie belge du mois de septembre, c’est celle d’u autre premier long métrage, Camping du lac d‘Eléonore Saintagnan, résolument inclassable, sorte de journal de bord à la première personne qui se laisse peu à peu gagner par la fiction pour explorer les récits fondateurs qui infusent un territoire. Eléonore, réalisatrice et narratrice, a vraiment besoin de voir la mer, alors elle saute dans sa voiture, et met le cap vers l’Ouest. Seulement  en plein milieu des terres, son bolide tombe en panne. Elle se retrouve captive, victime d’une pause forcée, en plein milieu de la Bretagne. A l’arrêt dans un mobile home, elle s’offre une vue sur le lac à défaut de la mer. Au hasard des rencontres avec les habitués du camping, elle va retrouver ses vieilles habitudes d’enfants, retrouver l’époque où elle passait des heures à observer ses voisins. Ses pérégrinations vont l’entrainer toujours plus loin sur le territoire du lac de Guerlédan, et surtout, dans son imaginaire, convoquant la mémoire de Saint Corentin, l’homme qui parlait à son poisson, pour en livrer une hagiographie délicieusement artisanale. Sur ses traces, le récit est catapulté dans un nouveau temps devenu fantasmagorique, où créatures et monstres légendaires ont toute leur place. Les rives du lac deviennent un lieu de pèlerinage, et retrouvent un lustre touristique que la région n’avait pas connu depuis longtemps. Le film a remporté deux prix au Festival de Locarno.

Last but not least pour ce mois de septembre, on retrouve la toujours excellente Lubna Azabal, à l’affiche de Une vie rêvée, film d’un jeune cinéaste français, Morgan Simon, dont elle partage l’affiche avec Valeria Bruni-Tedeschi. Elle nous parle de cette rencontre, et de ce délicat projet autobiographique.

OCTOBRE

L’automne, c’est aussi le retour du Festival International du Film Francophone de Namur, l’occasion de découvrir des nouveautés belges qui animeront les écrans dans les mois à venir. Cette 39e édition a permis notamment de découvrir le nouveau film de Cesar Diaz, Caméra d’Or pour Nuestras Madres en 2019 à Cannes. Il revient avec Mexico 86, thriller historique sous tension, l’histoire d’une mère éloignée de son fils, qui lutte pour préserver ses convictions aussi bien que cette filiation, avec Berenice Bejo dans le rôle principal. Le film sortira au printemps! Egalement au programme du festival, Fuga, le nouveau film de Bénédicte Lienard et Mary Jimenez, qui nous entraînent une fois encore en Amazonie, sur les traces d’une enquête mémorielle, sensorielle et spirituelle sur les ruines du terrorisme et des persécutions homophobes au Pérou.

A lire: aux origines de Mexico 86

A lire: Fuga, enquête mémorielle et spirituelle

Mais la sortie évènement de ce mois d’octobre, c’est TKT de Solange Cicurel (Faut pas lui dire, Adorables). Avec ce nouveau film, elle change radicalement de registre, et dresse le portrait saisissant d’une jeune fille terrassée par le harcèlement, analysant avec clarté et pertinence la mécanique infernale qui piège son héroïne, Emma, lumineuse Lanna De Palmaert. Largement diffusé dans les établissements scolaires, où le film permet d’ouvrir une conversation primordiale sur le sujet du harcèlement, il est vu par plus de 50.000 personnes en Belgique. Sa réalisatrice nous en parle.

A lire: TKT, anatomie du harcèlement

NOVEMBRE

En novembre, Stefan Liberski et Benoît Poelvoorde entreprennent de nous enseigner L’art d’être heureux, avec l’histoire de Jean-Yves Machond, artiste contemporain tellement perdu dans le concept qu’il en a oublié la joie et la simplicité du simple fait de vivre. Dans une tentative chaotique de retour aux sources, qui l’entraine dans une petite bourgade normande où il croise un défilé de personnages hauts en couleur, parmi lesquel·les Camille Cottin, Gustave Kervern, François Damiens ou Laurence Bibot, Machond, incarné par Benoît Poelvoorde, va trouver les clés d’un bonheur retrouvés. Une comédie libre et mélancolique, dont l’auteur nous parlait sous un arbre.

Un mois riche en émotion, marqué par la sortie du nouveau film de Guillaume Senez, Une part manquante. Le réalisateur y retrouve son comédien désormais fétiche, Romain Duris, pour explorer une nouvelle fois la complexité de la figure paternelle, à travers l’histoire d’un homme séparée de la fille. Un film bouleversant et lumineux à la fois, et une fructueuse collaboration dont nous parle Romain Duris, croisé lors du Festival de Namur.

A lire: Une part manquante, Tokyo Blues

DECEMBRE

Début décembre, Bruxelles prend déjà des airs de fête à l’occasion du Cinemamed, le Festival du cinéma méditerranéen qui pose ses valises dans la capitale. L’occasion de découvrir la richesse de la production cinématographique du bassin méditerranéen, et en passant, la diversité des talents du cinéma belge qui s’y illustrent. De belles rencontres, notamment avec Jawad Rhalib, qui nous parle ici de son nouveau documentaire, Puisque que je suis née, avec Bruno Tracq et Selma Alaoui, qui nous présentaient ici en avant-première leur court métrage Samia, ou encore avec la comédienne Mara Taquin, qui se confie sur son rôle dans Le Mohican, de Frédéric Farrucci.

Enfin, le dernier film belge a atteindre les écrans en cette année 2024 étaient Les Enfants perdus, premier long métrage de Michèle Jacob, découvert au BRIFF où le film avait remporté le Prix de la Meilleure photographie. La cinéaste nous invite avec ce film jouant avec les codes du film horrifique à convoquer les monstres qui hantent nos enfances pour mieux les apprivoiser. Les Enfants Perdus endosse le costume du film de genre pour offrir un récit d’adelphité et de résistance, de solidarité et de résilience, teinté d’un symbolisme limpide et séduisant qui fait chauffer nos neurones, et nous incite au passage à repenser les contes de fée de notre enfance. Nous avons rencontré la cinéaste, ainsi que sa propre fille, Iris Mirzabekiantz, qui interprète le rôle principal.

A lire: Les Enfants Perdus, confronter ses monstres

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