Avec TKT, Solange Cicurel dresse le portrait saisissant d’une jeune fille terrassée par le harcèlement, analysant avec clarté et pertinence la mécanique infernale qui piège son héroïne, Emma, lumineuse Lanna De Palmaert. A découvrir en avant-première lors des We Love Cinema Days mercredi à Mons, jeudi à Liège, vendredi à Charleroi et samedi à Bruxelles!
Emma a 16 ans et la vie devant elle. Marrante, intelligente, lumineuse et populaire, elle a tout pour plaire et plus encore. Choyée par ses parents et entourée par ses nombreux amis, elle va pourtant peu à peu perdre pied, face à un harcèlement aux répercussions dont elle n’aurait jamais pu soupçonner l’ampleur.
Le film débute dans l’urgence. On atterrit à l’hôpital, dans la chambre d’Emma. Ses parents sont dévastés, sa mère ne cesse de répéter: « J’aurais dû voir ». Rongée par la culpabilité, elle ne peut comprendre l’incompréhensible: comment sa petite fille a pu en arriver là? Comme sortie de son corps, c’est Emma elle-même qui va mener l’enquête, remontant dans ses souvenirs. Voyageant dans le temps, elle revisite certains épisodes plus ou moins récents, qui mis bout à bout retracent l’histoire du harcèlement dont elle a été victime.
Comme souvent, ça commence par si peu. Un pantalon blanc, une tâche de sang, une vidéo qui circule. Une pression bon enfant, « pour rigoler ». Sauf que l’incident déclenche une chaîne d’évènements qui prennent peu à peu une ampleur difficilement contrôlable, où la pression du groupe, la honte, et les réseaux sociaux offrent une caisse de résonance dramatique à ce qui au départ n’était presque rien. Alors qu’elle gravitait au centre d’un réseau social et amical à première vue accueillant, Emma se retrouve de plus en plus isolée. A la maison, elle se renferme, rompt la communication avec ses parents pourtant à l’écoute. « T’inquiète ».
TKT revient point par point sur l’engrenage qui mène à un drame du harcèlement singulier mais qui pourtant fait écho à tant d’autres. A cet égard, le film de Solange Cicurel vient à point nommé s’inscrire dans une réflexion sociétale d’importance, d’autant qu’elle prend soin d’y adopter un langage cinématographique accessible aux ados – notamment grâce à la musique et au travail réalisé avec son chef opérateur Sean Doan, inspiré par des séries comme Sex Education ou Euphoria.
Pour incarner Emma, il fallait trouver une nature, un visage inconnu qui emporte une adhésion immédiate. Pari réussi pour la jeune Lanna De Palmaert, dont c’est le premier rôle, et dont la spontanéité et la photogénie en font une évidence. Face à elle, la troupe des jeunes comédiens et comédiennes incarne avec fraicheur et conviction le groupe qui entoure autant qu’il isole. Dans le rôle des parents, Emilie Dequenne est une fois de plus impressionnante dans l’émotion pure, quand Stéphane De Groodt surprend dans un registre qu’on ne lui connaît que peu.
Bref, un film d’utilité publique pour mettre sur toutes les lèvres une conversation indispensable sur les ravages du harcèlement chez les jeunes, et ouvrir le dialogue entre les générations.