Poelvoorde et Liberski nous enseignent « L’Art d’être heureux »

Ce samedi sera projeté en avant-première belge au Festival International du Film de Comédie de Liège le tout nouveau film de Stefan Liberski, L’Art d’être heureux, porté avec le talent qu’on lui connaît par Benoît Poelvoorde.

Jean-Yves Machond ne sait plus trop où il en est, ni dans son art, ni dans sa vie. Après avoir exposé – avec grand succès – des salles vides, il patine un peu quand il s’agit de se renouveler, on pourrait même dire qu’il pédale dans la semoule conceptuelle de sa vision de l’art. Il décide alors d’abandonner son poste de professeur et sa maison bruxelloise pour retourner aux sources de la peinture, le berceau des impressionnistes, croisant les doigts et les pinceaux pour que ce changement d’air soit aussi un changement dans sa vie, artistique et personnelle.

Mais Machond est perdu dans le concept comme d’autres sont lost in translation. Et puis d’ailleurs, comment se réinvente-t-on quand on a fait du rien sa marque de fabrique? Après avoir épuré à l’extrême le signifiant, Machond se met en tête de retrouver le geste ancestral du peintre. Alors il s’installe sur la falaise d’où peignait Monet, il s’offre la blouse de Bernard Buffet, et regarde loin devant lui. Sauf que l’inspiration lui résiste. Ce n’est qu’en croisant d’autres peintres, de préférence du dimanche, qu’il va retrouver goût à l’art. Et en s’égarant dans les bras de Cécile, galeriste joyeusement bourgeoise, et en croisant le chemin de Déborah, jeune fille qui lui rappelle la sienne, partie à l’autre bout du monde, il va enfin se poser les bonnes questions sur son rapport à la vie et à l’amour, lui aussi prisonnier du concept.

Stefan Liberski a pensé L’Art d’être heureux de concert avec Benoît Poelvoorde présent dès les origines du projet, librement inspiré de La Dilution de l’Artiste de Jean-Philippe Delhomme. Le comédien est ainsi au coeur de cette comédie qui interroge tout autant le monde de l’art que notre rapport à la vie, qui de nos jours, semble sans cesse passer par la médiation de nos petits écrans. Comme si toute expérience n’était réellement vécue qu’en étant racontée, ou re-conceptualisée. C’est donc dans cette quête de la relation vraie qu’est lancé Machond, sans même forcément s’en apercevoir dans un premier temps.

Si Poelvoorde prête ses traits, son éloquence et ses doutes à Machond, Stefan Liberski a composé autour de lui un casting rieur et varié, où chacun chacune vient apporter sa touche et son univers. Camille Cottin dans son élément joue les Parisiennes pince-sans-rire et séductrices, Gustave Kervern semble se régaler de jouer le bon gars du coin, François Damiens joyeusement en roue libre joue les maris cocus, tandis que Laureence Bibot… on vous laisse la surprise à son sujet.

Sur un ton qui semble libéré de toutes peur de l’atteinte au bon goût, Stefan Liberski s’en donne à coeur joie, bien qu’avec une mélancolie certaine pour malmener son personnage, et exploiter les ressorts comiques de son aveuglement. Le film sort le 13 novembre prochain en Belgique!

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