Avec Les Enfants Perdus, Michèle Jacob nous invite à convoquer les monstres qui hantent nos enfances pour mieux les apprivoiser.
Remarquée avec son court métrage Juillet 96 (Prix du Scénario au Festival Le Court en dit long à Paris), Michèle Jacob présente en Compétition Nationale au BRIFF son premier long métrage, Les Enfants Perdus, découvert l’été dernier au prestigieux festival de Karlovy Vary en République tchèque.
L’histoire, c’est celle d’Audrey, 10 ans, qui avec sa sœur et ses deux frères se réveille un matin dans une maison isolée au milieu de la forêt. Libérés des adultes, les enfants s’amusent avant de s’inquiéter. Alors qu’ils cherchent à rentrer chez eux, ils reviennent sans cesse sur leurs pas, piégés par la forêt qui les ramènent toujours au point de départ. Les enfants se mettent à douter de leur perception, leurs repères sensoriels sont bouleversés, ils perdent la notion du temps et de l’espace. Apparaissent des bleus sur les corps, d’inquiétants dessins dans les carnets, des traces de suie, des murs qui semblent parler. Très vite, on le rencontre, on le sent et le perçoit. Le, c’est le monstre, dont la présence fait planer une atmosphère oppressante sur la maison.
Audrey est dans l’oeil du cyclone. Ses frères et soeur l’appellent Miss Chocottes. L’enjeu est posé: c’est sa peur qu’elle va devoir affronter.
Difficile d’en dire plus sans compromettre le plaisir des spectateurs. Mais dans ce décor stylisé, qui évoque les contes de fée comme l’univers de Peter Pan, la cinéaste nous invite à nous souvenirs des monstres tapis dans le noir de nos enfances, figurant un monstre comme dessiné, tout droit sorti d’un livre d’enfant. Un monstre effrayant, mais vivant, respirant au rythme de nos propres peurs, calqué sur nos émotions. Un monstre qu’il ne s’agit pas tant de terrasser que de rencontrer, confronter, apprivoiser, peut-être même embrasser. Un monstre qui serait la clé des traumas qui nous pèsent et nous empêchent. Un monstre aussi qui nous incite à déterrer les vérités enfouies, et à honorer la mémoire des victimes.
Les Enfants Perdus endosse le costume du film de genre pour offrir un récit d’adelphité et de résistance, de solidarité et de résilience, teinté d’un symbolisme limpide et séduisant qui fait chauffer nos neurones, et nous incite au passage à repenser les contes de fée de notre enfance.
A voir ce samedi 29 juin et lundi 1er juillet au BRIFF.
Les Enfants Perdus de Michèle Jacob, avec Iris Mirzabekiantz, Liocha Mirzabekiantz, Louis Litt Magis et Lohen Van Houtte.