Abel et Gordon
Rencontre avec deux magiciens

Quatre mois et demi après avoir été acclamé lors de l’ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, La Fée arrivera dans nos salles le 28 septembre, soit deux semaines après une sortie française saluée par une critique très enthousiaste (lire ICI).

 

 

La Fée, présenté quatre fois durant les récents Film Days (à Bruxelles, Namur, Tournai et Braine-L’Alleud) est certainement un des films belges les plus espérés de l’année. Pour l’occasion, nous vous avons concocté une interview mixte : un article traditionnel, mais avec les réponses que le couple nous a offertes… face caméra.

 

Croiser Fiona et Dominique est toujours un régal. Parce que ce sont des artistes, des vrais, des purs, mais aussi, parce qu’humainement ils affichent une rare richesse. Parce qu’ils réfléchissent, parce qu’ils s’enthousiasment, parce qu’ils sont drôles et parce qu’ils sont gentils. Et la gentillesse est une valeur humaine très sous-estimée ces temps-ci.

L’obstacle auquel se heurtent souvent les journalistes quand ils doivent circonscrire l’univers d’Abel, Gordon et Romy (pour autant qu’il soit nécessaire de le circonscrire, mais partons de ce postulat) est que le mélange d’humour et de poésie que nous offre le trio est si personnel qu’il ne favorise pas les comparaisons qui sont parfois un bon argument de vente.

C’est naturellement cette liberté de ton, cette originalité qui font tout le prix de leur cinéma. Une originalité qui naît aussi de la manière atypique dont leurs films sont construits. Imaginer sur scénario ce que donnera Rumba ou La Fée à l’écran est une authentique gageure.

Pour savoir ce qu’en disent Fiona et Dominique, cliquez ici

 

Sur cette base, avec un trio aux commandes, la conception d’un film n’a forcément rien de conventionnel. Qui décide, qui invente, qui complète, qui surenchérit? Est-ce plutôt Fiona? Est-ce plutôt Dominique? Ou n’est-ce pas si simple?

http://www.youtube.com/watch?v=ps-gPDGOXWw

 

Cette manière empirique de faire du cinéma peut sembler étrange dans un univers devenu de plus en plus commercial, de plus en plus structuré, de plus en plus codifié. Comment Fiona et Dominique parviennent-ils dès lors à concilier liberté et rigueur, poésie et professionnalisme? Ce côté foutraque qui fait le charme de leur précieux petit monde et la précision métronomique nécessaire pour monter un film et le mener à bien? La question nous titillait, mais pour Dominique, elle ne semble même pas se poser, car sa vision de l’art et de son travail est très claire

http://www.youtube.com/watch?v=J9_rsDdXAvc

 

 

Au bout du compte, ce cinéma qui respire la liberté n’a rien d’amateur, car il est au contraire le résultat d’une somme de  travail affolante en amont et la spontanéité qui transpire sur l’écran n’est qu’une autre preuve, peut-être la plus resplendissante, du talent et du travail d’un trio magique qui propose un cinéma… gastronomique.

http://www.youtube.com/watch?v=Qa1b-ih266k

 

Car oui, La Fée a nécessité pas moins de 60 jours de tournage et une postproduction très haut de gamme qui constituait une première belge et dont vous pouvez lire les détails ici.

 

On connaît assez bien les modèles qui ont inspiré Abel, Gordon et Romy, ces grands anciens et ces artistes contemporains qui leur ont montré la voie.

Pour se rafraîchir la mémoire, on peut regarder ici ce qu’ils en disent.

 

[Présentation de La Fée à l’UGC de Brouckère mercredi 21 septembre dans le cadre des Cinevox Happenings – photo www.grimont.be]

 

Mais contrairement à une génération de cinéastes qui a grandi dans les salles obscures, scotchée au grand écran et qui s’inspire pour son propre cinéma d’une transposition du réel plutôt que d’une observation directe, Abel et Gordon viennent eux des arts vivants et de la rue. C’est la vie, la vraie vie qui les inspire qui les émeut, qui les touche et qui les pousse à innover.

http://www.youtube.com/watch?v=hMuRTUeSfvM

 

[Présentation du film à Cannes en mai 2011 – Photo N.N.]

 

En mai dernier, La Fée concourrait à Cannes sous bannière belge. De fait, Fiona et Dominique habitent à Anderlecht, mais cela suffit-il pour faire de leurs œuvres des films « belges ». Et d’ailleurs qu’est-ce qu’un film belge? Y a-t-il une famille à laquelle Abel et Gordon ont l’impression d’appartenir, eux qui cultivent une poésie et un humour très visuels et donc par essence, plutôt universels? Oui et non. Car si les frontières ne les intéressent pas (du tout), ils voient quand même des points communs entre leur univers et certaines œuvres produites ici qu’ils affectionnent particulièrement et… une ouverture d’esprit très belge. Mais pas que…

http://www.youtube.com/watch?v=R_EhK-JD9gg

 

Attachants, captivants, talentueux, Abel, Gordon et leur copain Bruno Romy nous offrent dès mercredi leur nouvelle pépite, un petit objet précieux et rare. À vous de lui réserver l’accueil qu’il mérite.

 

 

 

 

 

 

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