A première vue, Le Monde nous appartient est un film de metteur en scène. Esthétique en diable, personnel, exigeant. Mais Stephan Streker qui ne reniera pas complètement cette étiquette ne rate pourtant jamais une occasion de mettre en évidence tous ceux qui l’ont accompagné sur ce projet atypique : ses producteurs Michael Goldberg et Boris Van Gils, le compositeur de la musique du film, Ozark Henry, mais aussi ses acteurs. Tous absolument formidables !
[Photo d’ouverture par Luk Monsaer]
[Photo Alice Pacaud]
Dans son dossier de presse, Stephan Streker s’étend longuement sur chacun, pas juste les rôles principaux. En quelques lignes bien senties (Stephan est d’abord un journaliste), il explique ce qui l’a séduit chez ces comédiens, pourquoi il a voulu les faire participer à cette aventure. Pourquoi c’était eux et personne d’autre.
Vincent Rottiers (Pouga)
«La seule limite de Vincent, c’est que ça ne l’intéresse pas du tout d’être une star. C’est tout à fait exceptionnel parmi les jeunes comédiens, peut-être unique. Ce qui motive Vincent, c’est le jeu, c’est d’aller le plus loin possible dans les émotions vraies. Tout donner à son metteur scène qu’il écoute avec une attention incroyable. Tout donner mais… bien sûr, rester indomptable. On peut dire d’un comédien en général qu’il est soit plutôt instinctif soit plutôt technique. Eh bien, Vincent, il est parfaitement les deux. Malgré son jeune âge, il est très expérimenté puisqu’on peut dire de lui qu’il a été acteur durant la plus grande partie de sa vie.
Seul regret : Vincent et Olivier ne font que se croiser dans le film (pas un regard l’un pour l’autre à un coin de rue). J’aimerais tant qu’un jour, ils jouent vraiment ensemble. Sur le plateau, tout le monde disait que Vincent était mon chouchou. Je peux le dire aujourd’hui : tout le monde avait raison.»
Ymanol Perset (Julien)
«Pour le rôle de Julien, nous avons vu tout ce que la France et la Belgique comptent de comédiens ayant l’âge du rôle. Et aussi de très nombreux joueurs de football belges, vu que j’avais ce fantasme de trouver un vrai footballeur capable de jouer la comédie. Découvert lors d’un casting parisien, Ymanol Perset, le fils de la sublime Laura del Sol («Carmen», «The Hit»), a mis finalement tout le monde d’accord. Ymanol est bien plus qu’un acteur, c’est un artiste. Il dessine, joue de la musique, réalise des courts métrages. A y réfléchir, Ymanol a tout : la beauté, le charisme, la passion, la qualité d’écoute. Il ira évidemment très loin s’il se l’autorise lui-même. Et s’il réussit à calmer ses démons intérieurs. Finalement, Ymanol n’a qu’un ennemi… Comme tout le monde.» (St. St.)
Olivier Gourmet (Freddy)
«Quand j’ai écrit « Le monde nous appartient », j’avais deux choses en tête : la voix d’Ozark Henry et le visage d’Olivier Gourmet. Le père du jeune footballeur était le seul qui avait un visage dès l’écriture. Les autres n’en avaient pas encore.
Logiquement, Olivier a été la première personne que j’ai contacté. Et il a donc été le premier à dire oui. Je ne saurais jamais assez le remercier pour m’avoir donné ainsi d’emblée la confiance nécessaire pour mener l’aventure jusqu’au bout.
Diriger Olivier Gourmet sur un plateau, c’est aussi jouissif que de conduire une Ferrari ou de jouer au foot avec Maradona. Enfin, j’imagine, n’ayant jamais conduit une Ferrari ou joué au foot avec Maradona. Mais surtout Olivier est parvenu dans un nombre pourtant limité de scènes à incarner avec profondeur ce père qui se révèle incapable de dire à son fils « Je t’aime » et le malheur terrible lié à cette incapacité.»
Reda Kateb (Zoltan)
«Dans le scénario, le personnage de Zoltan avait 65 ans. Il était le « vieil ami » du père de Pouga. Tout à fait par hasard, je vois une émission tard la nuit – ce qui est exceptionnel, n’ayant pas la télévision – où je reconnais Reda Kateb découvert dans « Un prophète » de Jacques Audiard. Et je constate, stupéfait, qu’il s’agit d’un acteur. Il m’avait tellement bluffé au cinéma que j’avais cru qu’on l’avait trouvé dans la rue et certainement pas au théâtre. Reda a trente ans et donc Zoltan aussi. Pourtant, j’ai choisi de ne pas changer une ligne de dialogue. Zoltan parle donc comme quelqu’un de soixante-cinq ans. Et ça marche. Reda Kateb n’est pas qu’une gueule incroyable. C’est évidemment un formidable acteur, précis et exigeant. Reda Kateb, c’est un chat. C’est pourquoi quand il apparaît dans le film, j’ai souhaité qu’il soit accompagné d’un chat.»
Dinara Droukarova (Magali)
«En 1989, jeune journaliste cinéma, je découvre au Festival de Cannes une bombe : « Bouge pas, meurs et ressuscite » de Vitali Kanevski qui met en scène un petit garçon et une petite fille inoubliables : Pavel Nazarov et Dinara Droukarova. Vingt-trois ans plus tard, Dinara est à l’affiche d’un film que je mets en scène. C’est peu de dire qu’à l’époque, je ne l’aurais pas cru.»
Sam Louwyck (Eric)
« Anyway the Wind Blows », « Lost Persons Area », « Rundskop » : chaque fois que j’ai vu Sam Louwyck dans un film, il m’a impressionné par sa présence et son humanité. Sam, c’est une gueule, une voix, une dégaine. Sam est danseur, Sam est acteur : un artiste complet et surtout un être humain qui marque par sa gentillesse et sa générosité.»
Albert Cartier (Le coach)
«Jamais je n’oublierai les essais qu’Albert a faits dans mon appartement sous la caméra de Lionel, mon assistant. Dès la première prise, le vrai coach de foot s’est transformé en un comédien incroyable. Il y avait comme une évidence absolue. Sur le plateau, Albert a impressionné tout le monde. Albert est un tribun, un seigneur. Et donc bien sûr un acteur.»
Fabrice Bénichou (Le joueur anonyme)
«A la sortie de son livre retraçant sa vie ahurissante, inouïe, exceptionnelle, Fabrice Bénichou me reçoit à Paris pour une interview-fleuve. A la fin de cet entretien, l’ancien triple champion du monde de boxe me confie : « J’aime beaucoup faire l’acteur. » Je le remercie aujourd’hui pour cette phrase qu’on croyait tous les deux innocente.»
Maurice Martens et Jacques Teugels (Les légendes du foot)
«Maurice Martens est pour moi plus qu’un footballeur. Il a été ma première idole. Soulier d’or en 1973, il est le meilleur joueur de l’histoire du club de mon cœur, le RWDM. Défenseur qui ne faisait jamais une faute, Maurice Martens était le symbole absolu de la correction, du fair-play et de l’élégance. Maurice Martens, c’était aussi mon premier autographe.»
«Je dois à Jacques Teugels mes deux plus grandes émotions de supporter de foot (et d’enfant… c’est la même chose). Jacques a marqué le but du siècle lors du 1-0 entre le RWDM et le Sporting d’Anderlecht en 1975, l’année du titre, et, deux ans plus tard, le penalty contre Feyenoord envoyant mon équipe en demi-finale de la Coupe UEFA. Je lui en serai éternellement reconnaissant.»