Une première mondiale dans le Grand Eldorado de l’UGC De Brouckère probablement comble, c’est un rêve pour un court métrage. C’est pourtant ce qui va arriver à Madame Papa, tout premier court coécrit et coréalisé par la délicieuse Tania Garbarski.
Loin de l’ambiance délirante de BXL/USA qu’il introduira ce jeudi, Madame Papa est un film grave, un face à face de onze minutes, en noir et blanc, entre un enfant et sa mère à bout de force. Lui, parle de son père, multiplie les questions. Elle les évite, crispée, constamment sur ses gardes
– » J’ai été fortement émue et inspirée par un récit racontée par une amie », nous explique Tania. « Une vision cinématographique de ce qu’elle me racontait m’est venue instantanément.j’ai commencé à écrire le soir même, ce fut long et laborieux, car l’écriture est la première exigence, celle qui selon moi génerera ou pas un beau film et j’ai beaucoup écrit, jeté, abandonné, laissé reposer, réécris… Le sujet du film m’est très cher, mais c’était aussi l’occasion pour moi de raconter une histoire jusqu’au bout, d’essayer en laboratoire, d’apprendre, de me frotter réellement à l’envers du miroir ».
Le jeune Juan Jimenez donne une réplique musclée à Tania qui est donc aussi devant la caméra, ce qui n’est pas surprenant. La nouveauté est qu’elle a écrit le scénario et l’a mis en scène avec son célèbre papa, Sam Garbarski bien sûr !
– » Comme il s’agissait avant tout d’apprendre, j’ai très vite demandé à mon père de m’épauler dans cette aventure, surtout parce que, pour la première fois, je voulais être devant et derrière la caméra. Je lui ai d’abord fait lire mon histoire et son enthousiasme m’a donné la force de lui proposer sérieusement une collaboration. Il faut savoir qu’en fait, nous travaillons ensemble depuis toujours. On partage nos expériences, on lit nos scénarios respectifs, on échange nos points de vue. Je n’envisage jamais un projet sans lui en parler, et il me demande souvent mon avis aussi. C’est une complicité très précieuse.
Notre collaboration fût dense, j’ai appris énormément, peut être que lui aussi !
Je lui ai fait une totale confiance pour me diriger comme actrice, car une fois le moteur demandé, je n’étais plus qu’actrice. »
Sam, ténor de la pub pendant trente ans, a réalisé trois courts métrages entre 1998 et 2000, puis trois longs : Le Tango des Rashevski, avec Michel Jonasz et Hippolyte Girardot, Irina Palm avec Marianne Faithful dans un rôle mémorable et Quartier Lointain, magnifique transposition du manga de Jiro Tanigushi. Tania incarne dans ce film une serveuse de bar très sexy :Nelly et joue aussi un des rôles principaux dans le Tango de Rachevski. Au cinéma, une de ses compositions les plus frappantes reste son personnage de Christine dans La Face Cachée de Bernard Campan, aux côtés du réalisateur, de Karin Viard et de Jean-Hughes Anglade.
– J’ai effectivement adoré travailler avec Bernard Campan. Ce fut une rencontre importante. C’est un formidable directeur d’acteur et le fait qu’il soit lui même grand acteur n’y est pas pour rien. Il est précis, généreux dans ces indications et très investi. Et ma collaboration avec Jean Hugues Anglade reste un bon souvenir. Premier jour de tournage, moi :« bonjour monsieur Anglade », une heure plus tard on s’embrassait fougueusement dans un fauteuil pour la caméra de Campan en continuant à se vouvoyer entre les prises!! Aaahhh le cinéma. Je viens également de tourner sous la direction de Miel van Hoogenbemt sur Fils unique et ce fut aussi une belle expérience d’incarner pour lui, un morceau d’histoire personnelle très forte.
Et puis j’ai rencontré récemment Solange Cicurel lors du tournage de son court métrage « Einstein était un réfugié » (produit par Entre Chien et Loup) , elle m’a confié le rôle fort d’une avocate à la commission aux réfugiés. Un personnage formidable. Sinon, une anecdote assez drôle et paradoxale : j’ai pris un plaisir fou à interpréter une scène de délire absolu en femme de Jean Benguigui pour le très mauvais « Coco « de Gad Elmaleh. Le film n’est pas très réussi et je n’y apparais plus, car il a dû couper un bon 40 min de délires, mais je ne regrette pas le bonheur que fut cette journée où je lui ai joué la Juive sépharade hystérique à l’accent belge, des heures durant, avec une équipe au complet pleurant de rire.
Même si les climats de Madame Papa et BXL/USA sont donc fort différents, l’enchaînement des deux films reste une affaire de famille. D’abord parce que les deux œuvres ont été produites par Nexus Factory. Ensuite, parce que, comme certains d’entre vous le savent désormais, Tania est l’épouse de Charlie Dupont, un des principaux acteurs de BXL/USA. On peut les voir ensemble dans les très amusants Qui est là?, signés par Charlie et Philippe Bourgueil qui viennent tout juste de débarquer sur l’Apple Store. Les deux tourtereaux seront aussi sur la scène du théâtre Mercelis à partir du 25 octobre pour Promenade de santé une pièce signée par Nicolas Bedos. Pour l’anecdote, Charlie a également coécrit, coréalisé et interprété un court métrage, le fascinant Pierre Papier Ciseaux que nous proposerons bientôt … sur Cinevox !
– Le travail avec Charlie est aussi évident que notre couple l’est pour moi. Nous partageons énormément de choses et ne pas partager notre passion commune pour ce métier, eût été idiot. Nous cherchions un texte pour nous depuis des années.Celui de Nicolas Bedos nous a conquis. Nous découvrons en ce moment (en répétition) avec bonheur de nouvelles facettes de l’autre. Je crois que nous continuons de nous surprendre et ce n’est pas fait exprès.Charlie est un formidable acteur instinctif, de l’instant, et moi je suis une inconditionnelle de la technique venant du classique. Notre rencontre sur scène est un joyeux mélange essentiel. Et ce n’est pas fini puisque nous enchaînerons en novembre avec un film dans lequel nous incarnerons … un couple.
En attendant, Charlie et Tania seront réunis ce jeudi dans le Grand Eldorado. L’un pour accompagner un film qui a déjà fait ses preuves, triomphant récemment au Festival de La Rochelle, l’autre forcément plus tendue par la présentation officielle de son « Madame Papa » qui doit encore rencontrer le public.
En plus d’être drôle (dans sa deuxième partie), cette soirée phare des BNP Paribas Fortis Film Days sera donc importante.
[Toutes les photos de cet article, y compris l’affiche de Promenade de Santé, sont signées par Philippe Vandendriessche. Vous pouvez découvrir son travail ici]