Noura tente tant bien que mal de joindre les deux bouts. Elle porte son foyer à bout de bras. employée dans la laverie d’un hôpital, elle élève seule ses trois jeunes enfants, les choit et les entretient. L’image même de la mère célibataire forte et courageuse, à un détail près: Noura est mariée, mais son mari est en prison. Voyou récidiviste, Jamel brille par son absence, mais pense pouvoir continuer à régenter sa famille en direct de sa cellule. Un régent aux légères tendances tyranniques.
Car Noura, lasse des frasques de son époux, qu’elle n’aime plus depuis longtemps, mène une double vie entre les bras de son amant, où elle se rêve libre et amoureuse. Mais les méthodes mafieuses de Jamel ne s’arrêtent pas aux portes du foyer, et il ne va pas hésiter à se retourner contre son épouse quand le secret s’étiole.
Avec Noura rêve, Hinde Boujeema interroge la loi tunisienne, qui punit encore aujourd’hui l’adultère d’emprisonnement. Un débordement de la loi dans le domaine de l’intime, qui bride essentiellement l’émancipation des épouses, principales cibles de l’application de cette loi. Le film, fort d’une trame narrative dense et tendue, illustre l’oppressante et dévastatrice inégalité des sexes aux yeux de la loi et de la société.
On retrouve dans les rôles de Noura et Jamel deux valeurs sures du cinéma tunisien, la bouleversante Hend Sabri (qui vient d’ailleurs de recevoir le Prix d’interprétation au festival d’El Gouna en Egypte), et le mystérieux Lotfi Abdelli.
Noura rêve est le premier long métrage d’Hinde Boujeema, réalisatrice tunisienne installée à Bruxelles, où le film est produit par Eklektik Productions. Un beau coup d’essai, sélectionné aux prestigieux festivals de Toronto et de San Sebastian, et au Festival de Namur, où il est présenté ce mercredi 2 octobre. Il sortira en Belgique le 27 novembre prochain.