Hasta La Vista
¡ Hola Wallonia !

Le cinéma est fait de belles histoires. De belles histoires qui accouchent de scénarios poignants qui donnent à leur tour des films inoubliables. Et qui, ensemble, construisent la grande histoire du cinéma composée de formidables aventures collectives. Dans cette Histoire (avec un H capital, donc),  Hasta La Vista a toute sa place.

Le long métrage de Geoffrey Enthoven est en fait une succession de merveilleuses histoires. La dernière étant le triomphe fait au film par le public : près de 250.000 spectateurs en Flandre, une distribution annoncée en France et une inattendue, mais étourdissante sortie en Wallonie. Non, pas une sortie technique dans deux salles obscures pour se donner bonne conscience, mais une arrivée massive dans les grandes salles du sud du Pays. Une sortie… sans complexe pour un film qui, c’est vrai,  ne manque pas de culot.

 

39 séances en Hainaut, 20 à Liège, 11 sur le Brabant wallon, 30 dans la province du Luxembourg et 7 dans le Namurois. On a connu des films francophones moins bien lotis. D’ailleurs, à quelques exceptions près, on cherche encore un film produit par ici qui aurait eu la chance en 2011 d’une telle distribution explosive. Même si elle nous étonne, voilà une nouvelle qui a été accueillie chez Cinevox avec un enthousiasme assez contagieux. Un de nos credo n’est-il pas d’aider les longs métrages belges à voyager de part et d’autre de la frontière linguistique?

 

Une qui est particulièrement contente de cet intérêt soudain et massif, c’est évidemment Isabelle De Hertogh. Aux côtés des trois acteurs flamands, elle est la quatrième tête d’affiche d’Hasta La Vista. Quatrième ou première? Car, s’il ne s’agit pas ici de hiérarchiser les mérites de chacun, de nombreuses critiques ont souligné la prestation d’Isabelle qui, a-t-on pu lire ici et là, « tient le film quasiment à elle toute seule ». Même si elle est bilingue (quadrilingue en fait, puisqu’elle maîtrise l’anglais et a des notions d’espagnol), c’est bien à Mons et à Bruxelles que cette comédienne a étudié. Depuis on l’a beaucoup vue au théâtre et elle apparaît de plus en plus souvent sur le grand écran. À son tableau de chasse: JCVD, les Enfants de Timplebach ou Formidable, par exemple.  Pour elle, Hasta La Vista est devenu une incroyable rampe de lancement. Isabelle y incarne Claude, l’infirmière qui sera le chauffeur de trois amis passionnés de vin et de femmes qui décident de se rendre en Espagne pour goûter aux services d’un bordel spécialisé pour les personnes handicapées.

Car oui, on se le rappellera, Hasta La Vista, parle de handicap et du droit de chacun de jouir des plaisirs de la vie à travers la folle équipée de trois potes et de leur accompagnatrice aussi folle dingue qu’eux.

 

Graveleux ? Pas du tout ! Les deux mamelles d’Hasta La Vista sont l’humanité et la générosité. Plus un humour qui, s’il peut sembler un peu provocateur à certains, n’en est pas moins indispensable pour désamorcer la gravité de certaines scènes très inattendues.

 

 

À l’origine du film, on trouve un documentaire de la BBC consacré à un homme qui avait placé sur Internet une annonce qui disait : « J’ai visité pour la première fois un bordel où les handicapés étaient les bienvenus. Qui veut m’accompagner ? ». Deux personnes se sont manifestées pour se joindre à lui et le sujet suivait leurs pérégrinations dans le bus qui les emmenait vers le plaisir. Les contextes anglais et belges sont très différents. Dans la perfide Albion, la prostitution est, par exemple, illégale. Les producteurs ont donc décidé de garder l’idée du trio et de réinventer autour une histoire totalement originale.

 

« Ma seule référence « , explique volontiers Geoffrey Enthoven, « était Little Miss Sunshine. C’est une autre histoire, bien sûr, mais ça parle aussi d’une réalité qui est difficile. Un film où l’on passe du rire aux larmes. » Une belle analogie, non?

 

Et si en découvrant le film vous vous dites qu’il devait y avoir une sacrée ambiance sur le plateau, vous avez percé à jour un de ses secrets de fabrication : de la Belgique jusqu’à Malaga en passant par les étapes françaises, l’atmosphère était festive ! Chaque soir ou presque, c’était la fiesta, une façon idéale de souder une équipe consciente de tourner un film exceptionnel.

 

[Fin de Tournage à Malaga]

 

De fait, depuis qu’il est apparu sur les grands écrans, Hasta La Vista fait le buzz. À Montréal, il emporte le Grand Prix des Amériques, le Prix du Public et une mention du jury œcuménique. Il provoque également des standings ovations à répétition comme celle que vous pouvez voir ici. Même topo à Valladolid où Geoffrey Enthoven et ses acteurs décrochent le Golden Spike du meilleur long-métrage. Aussi au palmarès de ces fous furieux : le prix du Public Prestige au premier Festival de cinéma de la Ville de Québec et le prix du public au 33e Noordelijk Film Festival in Leeuwarden. Au récent festival d’Arras, où le film était proposé hors compétition, les interminables applaudissements  (qu’on vous a présentée sur Facebook, n’hésitez pas à nous y rejoindre ICI) ont pris des allures de délire collectif. De très bon augure puisque le film, c’est confirmé, sera distribué chez nos voisins du Sud le 7 mars 2012.

En attendant, cette sortie hexagonale, c’est donc sur la Wallonie que l’équipe du film peut se concentrer. L’air de rien, voilà l’occasion de tester grandeur nature l’intérêt et la ferveur du public belge francophone pour son cinéma.
Un quart de million d’entrées en Flandre pour le film déjà. Et combien chez nous?

 

 

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