La 26e cérémonie des European Film Awards s’est déroulée ce soir à Berlin, ville qui accueillait la manifestation pour la 14e fois. Plus de trente télévisions européennes (dimanche à 23h40 sur Arte) retransmettaient ou retransmettront l’évènement qui était également visible en direct sur le site officiel de l’European Film Academy.
Vingt et un prix ont été remis par des personnalités venues de nombreux pays parmi lesquelles Alicja Bachleda-Curus (ONDINE), Arta Dobroshi (LORNA’S SILENCE), Karoline Herfurth (THE READER), Carice van Houten (BLACK BOOK), Diane Kruger (TROY), Christophe Lambert (HIGHLANDER), Noomi Rapace (THE GIRL WITH THE DRAGON TATTOO), Kristin Scott Thomas (THE ENGLISH PATIENT) et Jasmine Trinca (MIELE).
Ces récompenses étaient attribuées par divers jurys, à l’exception des cinq plus importantes: le meilleur film, le meilleur réalisateur, les meilleurs acteurs et le meilleur scénario ont été élus sur le net ou par courrier par les 2900 membres de l’Académie.
Toute la Belgique cinéphile avait naturellement les yeux tournés vers la capitale allemande (et sur notre page Facebook, merci), car The Broken Circle Breakdown, champion belge du box-office 2012 était nominé dans les cinq catégories reines. Cette omniprésence en faisait un des favoris logiques de la compétition malgré la menace évidente de La Vie d’Adèle et de La Grande Bellezza.
Mais c’est un autre Belge qui créa d’entrée la sensation. Le très sympathique Tom van Avermaet se voyait remettre l’Award du meilleur court métrage européen de l’année pour Dood Van een schaduw/Mort d’une ombre, le court métrage avec Matthias Schoenaerts (mais aussi Benjamin Ramon). Depuis juillet 2012, nous vous parlons avec enthousiasme de cette perle dont les effets spéciaux ont été réalisés à Alleur par Digital Graphics et qui fut nommée aux Oscars 2013 (lire ici notre tout premier article sur le film). Le prix est plus que mérité et compense largement la défaite aux Ensors 2013 qui nous avait semblé assez surprenante.
Deuxième temps fort, l’Award du meilleur film d’animation est remis sur le coup de 21h à Ari Folman, réalisateur du surprenant Congress, coproduit chez nous par Entre Chien et Loup. The Congress n’est pas qu’une « simple » coproduction belge justifiée par un montage financier intéressant. Depuis le début, Diana Elbaum a soutenu le projet à bout de bras. Sa société y est totalement impliquée et a permis à des sociétés belges de collaborer à la réussite artistique du long métrage: le studio Walking the Dog a travaillé à l’animation tandis que Mikros Images Liège planchait sur les Effets Spéciaux.
Et The Broken Circle Breakdown? Premier coup de tonnerre à 21h15. Veerle Baetens est élue actrice de l’année pour sa prestation incroyable dans le film de Felix Van Groeningen. Sur scène, elle nous offre un petit speech d’une incroyable émotion qu’elle conclut en remerciant… la Belgique qu’elle veut continuer à voir unie parce qu' »ensemble », dit-elle, « on réalise des choses formidables ». Inattendu. Et très remuant !
Comme aux Ensors, Johan Heldenbergh qui a pourtant écrit la pièce de théâtre originale et l’a jouée durant de longs mois sur scène voit la récompense du meilleur acteur lui échapper, revenant à l’Italien Toni Servillo pour La Grande Bellezza, un prix qui annonce celui du meilleur réalisateur remis à Paolo Sorrentino un peu plus tard dans la soirée.
La remise des prix principaux est alors interrompue par une série de prix techniques et l’annonce du prix du jeune public remis par un jury de 600 jeunes spectateurs réunis pour visionner trois films sélectionnés. Une belle récompense qui va au Belge Vincent Bal pour Nono, The Zig Zag Kid. Une piqûre de rappel en fait puisque le trophée avait été décerné en mai l’an dernier. Mais l’Academie voulait absolument l’incorporer à la soirée. Belle initiative.
Petite déception avec le prix du public qu’on espérait vraiment voir tomber dans l’escarcelle de The Broken Circle Breakdown et qui revient au film franco-portugais La Cage Dorée. On a bien senti que le public présent dans la salle ne s’y attendait pas du tout. Il faut dire sans chauvinisme aucun que le nom de Veerle Baetens avait été accueilli plus tôt dans la soirée par un déluge d’applaudissements. Ceci expliquant sans doute cela.
Reste une unique opportunité pour ponctuer magistralement cette soirée de toute façon fantastique: l’European Film Award du meilleur film pour lequel six acteurs viennent présenter leur propre film. Belle idée assez émouvante avec une brillante présentation de Johan Heldenbergh pour The Broken Circle Breakdown.
Suspense, suspense et tension extrême dans le clan belge, mais c’est finalement La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino qui remporte la mise et s’impose comme le grand vainqueur de la soirée.
Le cinéma belge s’en sort néanmoins avec trois très belles récompenses (et demie), ce qui est assez formidable. Champagne !