Aujourd’hui sort Revoir Paris d’Alice Winocour (à qui l’on doit l’excellent Proxima), qui aborde avec retenue la mémoire post-traumatique des attentats, à travers le parcours aussi singulier qu’universel de Mia, une survivante incarnée par Virginie Efira.
A Paris, Mia est prise dans un attentat dans une brasserie. Trois mois plus tard, alors qu’elle n’a toujours pas réussi à reprendre le cours de sa vie et qu’elle ne se rappelle de l’évènement que par bribes, Mia décide d’enquêter dans sa mémoire pour retrouver le chemin d’un bonheur possible.
Bien sûr, Revoir Paris est inspiré d’histoires vraies. Si l’attentat qui dévaste la vie des hôtes de la brasserie où Mia s’est réfugiée pour échapper à la pluie évoque ceux qui ont endeuillé Paris en 2015, c’est aussi que la réalisatrice porte en elle l’expérience de son frère, caché au Bataclan, avec lequel elle a à l’époque échangé toute la nuit. L’attentat de Mia est celui de toutes les victimes. Plus encore, son parcours de reconstruction l’est aussi.
Toustes doivent faire le deuil de celles et ceux qu’ielles ont été, tout en surmontant la culpabilité d’y avoir échappé. Pourquoi elles et eux, et pas les autres? En se retrouvant, d’abord en terrain neutre, puis sur les lieux de l’attentat, les victimes empruntent ensemble le long et douloureux chemin de la mémoire, à jamais liées par ces cicatrices, physiques pour la plupart d’entre elles, psychologiques pour toutes.
Virgine Efira fait preuve une fois de plus de son incroyable capacité à aborder des personnages complexes en leur donnant une vraie profondeur, les rendant un peu plus que vivants pour que toutes et tous l’on puisse retrouver dans son jeu une étincelle qui fait écho. Elle fait face à Benoît Magimel, imposant comme à son habitude, mais surtout à une multitude d’autres corps et d’autres visages, qui partagent tour à tour un peu de leur émotion, unis autant par la terreur du souvenir que par la reconnaissance d’avoir survécu. Quand certains voudraient oublier, d’autres voudraient se souvenir, mais ce qui les relient, c’est la mémoire de ce moment qui à jamais les a propulsés dans une nouvelle vie.