Tout sur les Belges aux César (et plus…)

Depuis quelques années, les Belges ont pris leurs quartiers d’hiver à Paris pour participer à la cérémonie des Césars. En 2012 Matthias Schoenaerts était élu meilleur espoir masculin pour De Rouille et d’Os, Vincent Patar et Stéphane Aubier décrochaient avec leur pote français Benjamin Renner le César du meilleur film d’animation pour Ernest et Célestine et Nicolas Guiot, celui du meilleur court métrage pour Le cri du Homard. Un beau tir groupé.

Se répétera-t-il cette année? 

 

 

Pour la 39e cérémonie qui se tiendra vendredi soir au Théâtre du Châtelet, à Paris, les professionnels du cinéma français ont retenu Pauline Étienne dans la course au meilleur espoir féminin pour sa prestation dans La Religieuse, mais aussi un joli duo de comédiens bleu blanc belge qui concourra pour le César du meilleur second rôle : François Damiens et Olivier Gourmet.
Le premier a été distingué pour sa performance dans Suzanne, le second pour Grand Central. La rumeur qui bruisse le long de la Seine donne L’Embrouille vainqueur. À vérifier…

 

 

Pour la troisième fois de l’histoire des César (deux fois en deux ans), deux films belges sont opposés dans la catégorie Meilleur film étranger : le très attendu Alabama Monroe (The Broken Circle Breakdown) et le plus surprenant Dead man Talking. Surprenant et terriblement enthousiasmant. Ceux qui nous suivent depuis longtemps savent tout notre attachement pour ce film, étroitement lié à la trajectoire de Cinevox (pour plus de détails lire ici)

 

 

Le film de Patrick Ridremont, produit par Nexus Factory et celui de Félix van Groeningen apparaissent dans une liste prestigieuse en compagnie d’une série de longs métrages venus d’horizons très divers: Blancanieves, Blue Jasmine, Django Unchained, La Grande Belezza et Gravity.

 

Ces nominations sont flatteuses, mais elles ne doivent rien au hasard.

Avant d’avoir l’honneur de participer à la soirée des César, le parcours est semé d’embûches.

 

 

 

QUI VOTE?

 

Les 4380 membres de l’Académie des César ont théoriquement le droit de vote. Tous ces professionnels ont postulé et été acceptés sur base de leur CV. Les conditions d’admission ressemblent un peu à celles des Magritte : ici, il faut avoir travaillé sur trois longs métrages sortis en salles dans les cinq dernières années et obtenir la recommandation de deux parrains.

La cotisation annuelle de 60 euros donne droit, juste avant les fêtes de fin d’année, au fameux Graal, LE coffret des César, qui rassemble en DVD la plus grande partie des films produits dans l’année.

 

Les producteurs ne sont pas tenus d’y proposer leurs œuvres, car cette inclusion a un coût. Mais si vous revendiquez une statuette, il vaut mieux ne pas passer à côté de l’aubaine. Les professionnels du cinéma ne vont pas forcément plus au cinéma que le commun des mortels et chacun apprécie de pouvoir rattraper son retard grâce à ce coffret devenu mythique au fil des ans.

 

Quoi qu’en pensent les grincheux conspirationistes de la résistance vespérale, la sélection de Dead man talking n’a pas d’autres explications. Peu vu en salles en France, il a su capter l’attention des professionnels lors de cette séance de rattrapage. Son casting en partie français a sans doute poussé les votants à le visionner, mais qu’importe: il a séduit et c’est bien là la seule leçon à retenir de cette expérience.

 

Cette année, 4045  membres sur 4380 ont payé leur obole et ont donc eu l’occasion de participer au vote.

 

 

Selon Alain Rocca, producteur chevronné (cofondateur des Films Lazennec), administrateur délégué de l’Académie (et aussi patron d’Univers Ciné, la plateforme VOD du cinéma indépendant), cité par Telerama, l’électorat est tout à fait représentatif : « On parle d’une population de 15.000 professionnels dans la filière cinéma », précise-t-il à l’hebdomadaire culturel. « Encore faut-il prendre ce chiffre avec des pincettes, parce qu’il doit inclure des gens qui travaillent majoritairement pour la télévision, et occasionnellement pour le grand écran. Quoi qu’il en soit, cela nous donne une vraie représentativité, meilleure que celle des Oscars, qui comptent 6000 votants pour une filière plus large… »

 

 

Parmi ces votants français, beaucoup sont des techniciens, « chefs de poste » dans leur domaine (environ 2500). On compterait aussi cinq cents acteurs et à peu près autant de réalisateurs. Les exploitants ont le droit de vote, mais participent peu à la fête.

Comme en Belgique, les journalistes qui distribuent leurs prix spécifiques ne votent pas aux César.

 

Le vote ici est libre et secret. Chacun peut voter pour son ou ses propres films, sans laisser de trace : les bulletins qu’ils soient en papier ou électroniques sont détruits après dépouillement.

60% des inscrits s’expriment généralement dès le premier tour et le taux d’abstention tombe sous les 20% pour le deuxième tour.

 

 

 

LES BELGES AUX CESAR

 

 

Le seul long métrage belge à avoir remporté le César du meilleur film étranger est Toto le Héros de Jaco van Dormael. Ca nous ramène en 1992.
La liste des films belges nommés est néanmoins impressionnante.
On y trouve La promesse des frères Dardenne battu, en 1997, par Breaking The Waves de Lars Von Trier, puis après 12 ans de disette, Eldorado de Bouli Lanners ET Le Silence de Lorna des frères, encore, écartés par Valse avec Bachir en 2009.

 

En 2010, Panique au Village de Patar et Aubier a été réduit au silence par Gran Torino de Clint Eastwood. En 2011, c’est Illegal d’Olivier Masset-Depasse qui a rendu les armes devant The social network de David Fincher. En 2012 Le Gamin au Vélo fut vaincu par Une Séparation et en 2013 le duo Rundskop/ A perdre la raison, a été battu par Argo de Ben Affleck.

Même si nous n’avons plus brillé dans cette catégorie depuis 22 ans, force est de constater que ces dernières années, les films belges apparaissent en force dans la liste des nominations.

 

 

 

CECILE SUR BETV

 

 

La soirée des Césars diffusée en Belgique sur BeTV sera de toute manière très belge puisque la maîtresse de Cérémonie n’est autre que Cécile de France qui va tenter de faire pétiller une soirée qui, récemment, n’a pas vraiment réussi à faire l’unanimité autour de sa forme et de son rythme.

 

En 2005, Cécile a été la maîtresse de cérémonie du 58e Festival de Cannes. En 2006, elle a reçu le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour le film Les Poupées russes de Cédric Klapisch, la suite de L’Auberge espagnole… pour lequel elle avait hérité du César du meilleur espoir féminin en 2003.

 

Elle a ensuite été nommée à plusieurs reprises dans la catégorie reine. Mais jusqu’ici sans succès. En 2007, elle était en course pour Fauteuils d’orchestre de Danièle Thompson ET Quand j’étais chanteur de Xavier Giannoli simultanément et en 2008 pour Un secret. Elle a été respectivement battue par Marina Hands (Lady Chatterley) et Marion Cotillard (La Môme).

 

 

L’unique Belge à s’être imposée dans cette catégorie est Yolande Moreau, distinguée deux fois: en 2005 pour Quand la mer monte et en 2009 pour Séraphine.

 

Le président de cette 39e cérémonie des César sera l’excellent François Cluzet nommé à dix reprises depuis 1984 et qui n’a reçu le prix d’interprétation masculine qu’une seule fois, en 2007 pour son rôle haletant dans Ne le dis à personne de Guillaume Canet.

Aux César, Perseverare non diabolicum est.

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