On célèbre cette année un anniversaire un peu particulier, celui des 40 ans de Strip Tease, l’émission créée sur la RTBF. Après avoir fait les beaux jours du petit écran, Strip Tease a déployé son univers sur le grand, d’abord avec Ni juge ni soumise, puis avec Poulet Frites. Un troisième opus cinématographique sort ce mercredi 29 janvier en Belgique: Strip Tease intégral, tout un programme!
Pour cette occasion, ce sont 5 regards sur aujourd’hui et maintenant qui tentent l’exercice de style, ce regard perçant et frontal sur notre société, nos us et coutumes, nos failles et nos joies aussi, parfois.
Le premier segment, L’Odeur de l’essence, colle furieusement à l’air du temps. La réalisatrice Stéphanie de Smedt suit deux influenceuses à Dubaï, dans leur quotidien dicté par la mise en scène permanente de soi. C’est donc une gageure que de chercher à capturer l’authenticité d’un moi sans cesse scénarisé, capté avec habileté sous certains angles seulement, et orchestrant une familiarité bien qu’artificielle constante avec les followers. La vérité est surement à chercher dans les relations IRL qu’entretiennent les deux héroïnes du récit avec un troisième influenceur. N’empêche qu’une scène résonne de manière particulière à la fin du film, quand les deux protagonistes partent dans une sorte de safari à la rencontre des « vrais » gens de Dubaï (les travailleurs pauvres en somme), nous renvoyant à notre propre voyeurisme. Un premier film dérangeant donc, qui questionne aussi le regard que l’on pose sur ce qui nous est étranger.
Sans transition ou presque, Miroir, mon beau miroir interroge une autre sorte de vanité, celle de Coline, la cinquantaine, qui présente pour la première fois au Festival d’Avignon son seul-en-scène, un spectacle qu’elle promet sans gêne et féministe. Régine Dubois nous invite à découvrir l’envers du décor du célèbre rendez-vous des amoureux de théâtre, les salles de 20 places, sans fenêtre ni aération louées à des prix d’or, la promotion agressive dans les rues de la ville, la concurrence féroce, les rêves de gloire qui en prennent un coup en passant. On y voit aussi la passion de Coline, pourtant mise face à ses convictions: que vaut son envie de jouer à tout prix?
Zéro déchet de Clémentine Bisiaux réactualise une figure déjà croisée dans l’histoire de l’émission, celle de la mère au foyer catho, qui mène sa petit famille avec une organisation quasi militaire. Sauf que lassée, peut-être de la monotonie du quotidien, et libérée des tâches qui incombent aux parents d’enfants en bas-âge, notre protagoniste s’est prise d’une passion pour le zéro déchet, qu’elle tente un peu maladroitement d’imposer aux membres de la maisonnée, pas tous convaincus par le papier hygiénique lavable. On pourrait s’attendre à un portrait tendre et amusé sur une gentille écolo prosélyte, si ne se dessinait notamment au détour d’une discussion une passion partagée pour les armes. Comme souvent dans Strip Tease, la caméra, sous couvert d’embrasser le quotidien dans sa réalité, en souligne avec appétit les contradictions.
Des contradictions qui sont justement au coeur de l’avant-dernier segment, Les Antécédents familiaux de Mathilde Blanc, l’histoire d’un hypocondriaque amoureux d’une malade, ou un homme d’âge mûr qui découvrant que son père n’est pas son père, se lance dans une recherche généalogique intensive pour confirmer de possibles antécédents familiaux qui le promettrait à une maladie héréditaire forcément incurable, alors qu’à ses côtés, son épouse soutenante affronte ses propres épreuves de santé.
Last but not least, on retrouve Jean Libon et Yves Hinant, déjà aux manettes pourNi juge ni soumise et Poulet Frites, qui livrent avec Bidoche la mise à nu ultime, auprès d’un médecin légiste. Ames sensibles, préparez-vous à voir la vie – et la mort en face.