Rencontre avec Olivier Van Hoofstadt, de retour 3 ans après Lucky avec une nouvelle comédie explosive, Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée, qui sort ce mercredi 9 août en Belgique et en France.
Comment vous êtes-vous vu proposer ce projet?
Vendome film m’a proposé un scénario, dans lequel on retrouvait l’ossature de l’histoire. J’ai accepté de le réaliser à la condition de pouvoir le remixer sans aucune contrainte, ce qu’ils ont accepté. Le contexte était là, le huis clos dans le train, je n’avais plus qu’à m’amuser avec ça. On retrouve donc le personnage de ce jeune contrôleur, interprété par Artus, qui a acheté un appartement dans le Sud de la France. Il en a marre d’Anvers, il a hâte d’aller s’installer là-bas. C’est l’un des bons élèves de la SNCF, tout va bien pour lui, sauf que… tout à coup, tout va mal se passer. Sur cette base, il a fallu inventer tous personnages qui gravitent autour de lui, et je dois dire que je me suis bien amusé. J’ai travaillé avec chaque comédien pour réécrire les personnages.
Le voyage est aussi rythmé par la relation qui unit un duo de comédie typiquement antagoniste: le contrôleur, et l’inspectrice sensée vérifier la qualité de son travail pour valider sa mutation dans le Sud.
Oui, face à Artus, on retrouve Elsa Zylbertein, qui joue Madeleine, l’inspectrice assez instable et caractérielle. Artus, ça devait être le personnage un petit peu normal, quand tous les autres sont complètement décalés, surréalistes. L’idée était qu’on ne s’ennuie jamais une seule seconde. Ce sont 7 mini-actes, comme autant de petits vaudevilles qui s’enchaînent, le nombre de wagons à contrôler, jusqu’à l’arrivée du train en gare d’Arras.
Tourner un film dans un couloir de train qui tourne à chaque situation autour d’une poignée de personnages, et faire sourire et rigoler les gens pendant 1h23, c’était un grand défi. Il fallait que chaque comédien y mette tout son coeur, mais aussi qu’on travaille en profondeur chaque personnage.
Chaque wagon est un univers en soi?
Oui, j’ai voulu créer des microcosmes, on arrive dans un endroit où on ne connaît pas les personnages, l’ambiance, l’atmosphère. Et qu’à chaque wagon, on aille encore plus loin. Avec pour fil rouge, la tension qui caractérise la relation entre Sébastien et Madeleine.
Pourquoi et comment avez-vous choisi Elsa Zylberstein pour faire face à Artus?
On a envoyé le scénario à Elsa, une heure et demie après, elle m’a dit « OK, voyons-nous, et travaillons ». Je ne la connaissais pas, on a travaillé ensemble un mois et demi sur son personnage, en lui inventant toute une vie. Elle a été incroyable, il y a des scènes qui ne sont pas montées dans le film tellement on a été loin. Elles seront dans les bonus!
Mais on s’est vraiment beaucoup amusé sur ce plateau, avec tout les comédiens qui ont défilé de wagon en wagon. Louise Coldefi, je l’avais vue dans Family Business, je voulais absolument travailler avec elle. Marc Rizzo, je l’avais rencontré à l’Alpe d’Huez, on avait très envie de travailler ensemble. Bérangère Mc Neese, c’est ma directrice de casting qui me l’a présentée, elle est incroyable. Quelqu’un comme Nicolas Lumbreras, je suis sûr qu’on va lui proposer plein de rôles, c’est le nouveau Michel Blanc!
Moi, j’adore les comédiens, c’était un vrai plaisir, et les planètes se sont bien alignées. Chaque wagon, c’est un nouvel univers. A chaque fois, ça devait être encore plus marrant, encore plus décalé. J’ai tout donné, pendant un an de réécriture. Je suis hyper fier de ce projet. Ce sont plein de belles rencontres en plus. Et des découvertes.
C’est un défi particulier de tourner un huis clos?
C’était un risque, l’unité de lieu et de temps, si c’est mal fait, mal écrit, mal joué, ça peut être catastrophique. Donc j’ai énormément travaillé le scénario. Et puis j’ai fait venir une actrice pour interpréter les 18 rôles, juste comme ils étaient écrits. Ca m’a permis de comprendre qu’il fallait vraiment que chaque comédien et comédienne s’empare de son rôle, en préparation.
C’est un dispositif relativement simple sur le tournage, mais qui demande beaucoup de préparation en amont?
Oui, beaucoup de préparation niveau jeu, par contre je n’avais pas fait de découpage. Je voulais me laisser porter par l’action, on tournait à 360 avec deux caméras. J’avais une toute nouvelle équipe, et tout le monde faisait le même film. Michel Serrault disait « Jouer, du verbe s’amuser », et je crois qu’on a tous pris beaucoup de plaisir.
On a eu quelques décors en plus du train hyper stimulants, comme la gare d’Anvers, qui nous a ouvert grand les bras. C’était une autre histoire avec la SNCF, qui ne voulait pas entendre parler du film. On a tourné la gare d’Arras… à Binche! Tous les extérieurs sont tournés en Belgique. Et puis on retrouve Jean-Luc Couchard, Mourade Zeguendi, Renaud Rutten, qui étaient déjà dans Dikkenek, et puis Bérangère Mc Neese.
Mon prochain film sera l’adaptation d’une pièce de théâtre, Berlin Berlin, mais ce n’est pas moi qui écris cette fois-ci! C’est une pièce de Patrick Haudecœur et Gérald Sibleyras, qui a remporté le Molière de la Meilleure comédie et du Meilleur comédien en 2022.