Et si, loin des crispations autour des questions identitaires et de la peur de « l’autre », nous montrions d’autres réalités ? Pierre Pirard, un temps professeur de secondaire, a décidé de s’armer d’une caméra et d’un bâton de pèlerin, pour voir si avoir peur de l’autre est une fatalité. Il en a fait un documentaire, Nous tous.
Pourquoi ne traverse-t-on jamais le canal? C’est cette question toute simple qui entraine Pierre Pirard dans une réflexion au long cours sur les « identités fermées ». Enseignant dans une école secondaire, il s’aperçoit qu’il ne va que très rarement dans les quartiers où habitent ses élèves, et vice-versa. Qu’un canal les sépare plus qu’un pont ne les relie. Après les attentats du 22 mars, la peur semble prendre le dessus dans la communauté, ce qui divise prendre le pas sur ce qui rapproche.
Il ne peut se résoudre à accepter que la peur soit le principal moteur de notre société, et décide de parcourir le monde pour partir à la recherche de celles et ceux qui proposent un contre-discours, qui érigent de micro-sociétés qui expérimentent le vivre ensemble. Deux penseurs guident son chemin d’apprentissage, l’écrivain franco-libanais Amin Maalouf, dont une phrase est citée en exergue (« En ce siècle, je ne vois pas d’objectif plus crucial que de connaître l’autre »), et le sociologue belge Benoît Scheuer.
Son périple débute à Sarajevo, ville martyre qui porte encore les stigmates de la guerre. Il y rencontre celleux qu’il nomme les « combattants de la résistance ». Des hommes et des femmes, une en particulier, qui usant du sport comme vecteur de dialogue, retisse le lien entre les communautés qui se sont affrontées sans merci 30 ans plus tôt.
Il ira ensuite au Liban, en Indonésie, au Sénégal, aux Etats-Unis. Tous s’entendent: le problème, c’est ce que l’on suppose que l’autre pense de nous, plutôt que ce que l’on pense de lui. La religion bien sûr prédomine dans ce qui oppose les gens. Elle est aussi souvent le vecteur par lequel les points de vue s’échangent, les valeurs se partagent.
« Et si, nous racontions des histoires de citoyens audacieux qui, dans l’optique d’une vie harmonieuse entre gens de croyances différentes, réinventent la famille, l’éducation, les relations sociales, la culture, le travail… et ce malgré les difficultés et tensions existantes ?Et si, grâce à ces récits glanés aux quatre coins de la planète, nous commencions à voir émerger ce que pourrait être le monde multi-identitaire et néanmoins harmonieux de demain ? Et si, nous y prenions tous part ? », nous invite le film?
Nous tous, documentaire incluant et inclusif, sorte de Demain du vivre ensemble, ose l’optimisme, ce qui est aujourd’hui assez rare pour être souligné.
Nous tous projeté aujourd’hui ce dimanche au Palace et ce lundi à L’UGC De Brouckère en Compétition Nationale dans le cadre du Brussels International Film Festival. Il sortira le 13 octobre prochain en Belgique.