« Je ne sais pas ce que c’est, mais une chose est certaine, ce n’est pas du cinéma »
La citation restera à jamais gravée dans les mémoires de tous les cinéphiles branchés sur une certaine émission spécialisée dans le 7e art, fin 2011. Ponctuée d’un rire moqueur, elle faisait référence à L’Envahisseur. Subjectivité de la critique Vs subjectivité de l’art. Quoique…
Mais vous connaissez la suite : le film de Nicolas Provost a, depuis lors, trouvé son public et séduit les amateurs d’expérimentations visuelles à travers le monde. Plusieurs fois primé en 2012 aux Ensors du cinéma flamand (alors qu’il fut majoritairement produit par les Liégeois de Versus!), L’Envahisseur qui sera proposé au Be Film festival est aussi en lice pour les prochains Magritte. L’histoire nous apprendra s’il parviendra à se hisser parmi le dernier carré des nominés.
Il faut dire que Nicolas Provost son réalisateur n’est pas un simple faiseur. C’est un artiste, un vrai, plutôt radical. Qui développe un univers très personnel, une démarche qui peut troubler, parfois. On aime ou pas. On comprend ou pas. On adhère ou pas. L’art, quoi…
Le Musée d’art contemporain de Los Angeles qui dispose d’une chaîne TV consacrée aux vidéos atypiques propose actuellement Moving Stories, un de ses récents courts métrages. Car oui, avant de se risquer au format long, le héros gantois était déjà recensé comme un vidéaste délibérément en marge, pionnier des images et des sons, monteur inventif, spécialiste du détournement. Cinéphile avant tout.
Diplômé des Beaux-Arts de Gand, Nicolas revendique une liberté sans limites et refuse les frontières entre les arts et les genres : son domaine de réflexion privilégié est d’ailleurs la relation entre l’art visuel et l’expression cinématographique. Une démarche qui enfanta un monument du genre, son court Long Live the New Flesh, présenté au Festival de Berlin en 2010 et qui explore les classiques du film d’horreur sous un angle entièrement original.
Son Papillon d’amour revisite le Rashomon de Kurosawa, Gravity remixe une vision hollywoodienne du 7e art et Exoticore est une fiction qui traite de l’intégration de réfugiés du Burkina en Norvège… C’est d’ailleurs en Scandinavie qu’il rencontra Issaka Sawadogo, le Matthias Schoenaerts burkinabé (de nationalité norvégienne) qui hante littéralement son premier long métrage. [Lire ici l’histoire de leur rencontre et de leur collaboration]
Exoticore inspira naturellement L’Envahisseur , (Photo)
La première grande apparition de cet Invader eut lieu lors de la Mostra de Venise 2011 où Nicolas présentait… deux films. À côté de son premier long, le festival avait également sélectionné Moving Stories, qu’on peut donc découvrir sur cette page. Un court entièrement bâti sur des images existantes, initié au cœur d’un ambitieux projet plus global. Il faut dire que Nicolas est un habitué de la Mostra qui ne rate pas une occasion de célébrer sa créativité exacerbée.
Quelle que soit notre réaction vis-à-vis de sa démarche, une chose est certaine : « oui, c’est du cinéma ».
Et Nicolas Provost est un artiste qui compte.
MOCAtv Presents The Poetics – Moving Stories by Nicolas Provost
(Moving stories débute juste après l’intro de 30″)