Mobile Home est le premier film à sortir en salles que Cinevox a suivi très intimement, du scénario à la sortie, en passant par le tournage et la vision d’une version non terminée. C’est l’aboutissement d’un périple émouvant, le premier d’une longue série puisque Dead man Talking, Tango Libre ou Hors les Murs, par exemple, sont aussi des projets que nous avons accompagnés, sinon portés. Et aimés.
Le risque à l’arrivée est de découvrir un film qui ne correspond pas à l’attente. Mais pour l’instant, nous avons de la chance: tous nos paris débouchent sur des films réussis. Différents, mais toujours touchants.
Tous les films que nous choisissons de glisser dans nos Grands Écrans nous semblent alléchants sur le papier, susceptibles de toucher un public assez conséquent. Car ils le valent bien. Cinevox se proposent alors de faire le trait d’union entre cette oeuvre et un public potentiel qu’il espère le plus nombreux possible.
Quand nous nous rendons sur le plateau de Dead man Talking, c’est parce que nous pressentons la naissance d’un vrai réalisateur avec un univers totalement différent. Et c’est pour les mêmes raisons que nous allons à la rencontre de David Lambert (Hors les murs) ou de François Pirot (Mobile Home).
Nous vous avons dit tout le bien que nous pensions de la copie de travail d’Hors les Murs que nous avons découverte en salle de montage. Depuis lors, nous avons également vu Mobile Home. Une séance tout en jubilation. Pour nous, ce premier long métrage pouvait être un film générationnel, riche de la complicité entre Guillaume Gouix et Arthur Dupont, incarnant des trentenaires à la croisée des chemins. Après vision, on est ravis : ce road movie immobile (©Cineuropa) est du calibre espéré. On sourit beaucoup, on s’esclaffe parfois, mais une chose est certaine : les aventures de ce duo qui cherche à devenir adulte (ou pas) trouveront une résonnance chez tous les adulescents qui se demandent aujourd’hui ce qu’ils attendent de la vie et ce qu’elle peut leur offrir.
Mobile Home, c’est l’histoire de deux potes. L’un revient dans le village où il a grandi après avoir tenté une expérience en couple du côté de Liège. L’autre s’est occupé de son père malade. Il semble n’avoir jamais quitté la région. Le premier (Simon) est un jeune chien fou qui cherche un sens à sa vie : pourquoi ne pas partir sur les routes en Mobile Home, dénicher des petits boulots et respirer ? L’autre (Julien), plus introverti se laisserait bien séduire par cette aventure hors norme. Mais il faut le pousser, parce qu’il pourrait tout aussi bien s’enterrer pour toujours dans ce coin qu’il fait sien. Et pourquoi pas ?
Découvrir Mobile Home est un plaisir rare : le plaisir de voir un projet matérialisé avec maestria, plaisir également de rencontrer par écran interposé des potes touchants et humains, qui ont irradié le film de la complicité qu’ils entretiennent dans la vie réelle.
Arthur Dupont a été nommé aux César 2010 pour sa prestation fort remarquée dans Bus Palladium. Guillaume Gouix, désormais le plus belge de tous les acteurs français, concrétise ici une filmographie qui l’a vu enfiler les perles et les interprétations frappantes : le Bel Âge, Belle épine, Copacabana, Poupoupidou, Jimmy Rivière, Hors Les Murs ou la série Les beaux Mecs. Ces deux-là tiennent le film à bout de bras, le nourrissant de leur charmante connivence. Mission accomplie. Pour les besoins du rôle, Guillaume a bridé sa nature volubile pour jouer l’intériorité face à son ami plus expansif.
Toutes les attentions de François Pirot se focalisent sur le duo, d’autant que, comme on le sait, leur équipée va tourner court et que l’essentiel de leur voyage se déroulera dans un périmètre de quelques kilomètres carrés.
Jackie Berroyer ou Guillaume Gouix nous disaient d’ailleurs l’été dernier, leur joie et leur étonnement de voir ce projet se monter. Tous deux adoraient le scénario, mais pensaient que les différents comités et fonds ne se laisseraient pas impressionner par une histoire aussi ténue qui (par la force des choses) ne démarre jamais vraiment. C’était compter sans le sous-texte riche et la force de conviction d’une note d’intention passionnante de François Pirot, magistralement transcendée par lui à l’écran. Pour son premier long métrage, le jeune réalisateur qui a une très grosse cote chez les producteurs belges savait très précisément ce qu’il désirait montrer et comment il voulait le faire.
Sur le plateau, on constatait immédiatement qu’il maîtrisait le cadre et le jeu des comédiens, offrant à la tonitruante Caroline Tambour le soin de mener les opérations. Même si son scénario (dialogues compris) était très écrit, François Pirot ne s’y est pas cramponné : il a laissé à ses acteurs l’indispensable marge de liberté nécessaire pour développer leur relation de façon harmonieuse et crédible. Une fois le sens de la scène intégré, chacun pouvait y injecter un supplément d’âme. Le résultat est formidable.
Pas question de chercher ici un blockbuster capable de déplacer des centaines de milliers de cinéphiles. Ça n’a jamais été le but du projet. Mais s’il ne s’adresse pas aux foules, Mobile Home ne se coupe néanmoins d’aucun spectateur. Le film est un bijou plein d’humour et d’humanité une histoire qui nous concerne tous parce que sans jamais être pédante, elle nous pose la vraie interrogation, la seule qui importe, celle du sens de notre existence en ces temps incertains.
Pas de doute : Mobile Home a le charme et les atouts pour beaucoup vous plaire !
Toutes les photos de cet article sont de Fabrizio Maltese]