Leur cœur bat sans doute déjà un peu plus vite. Samedi, ce sera pire. Plus les heures passeront, plus leur palpitant s’emballera. Après avoir descendu le tapis bleu, ils converseront avec leurs collègues et se détendront un peu, mais une fois dans la salle, calés dans leur fauteuil, une fois que la scène s’éclairera et que Yolande Moreau déclarera ouverte la 3e cérémonie des Magritte du Cinéma, alors la paume de leurs mains deviendra moite et, pendant deux heures pour certains, la soirée ne sera plus qu’un long roller-coaster infernal. Une autoroute vers la gloire ou un sentier semé de pierres tranchantes.
Parmi les quelques artistes qui se sont confié à nous une seule a l’habitude de cette compétition. Mieux : Christelle Cornil a déjà remporté un trophée. C’était en 2011 pour sa performance dans Illégal d’Olivier Masset-Depasse. Pour les autres qu’ils défendent Torpedo, Mobile Home, A Perdre la raison ou Dead Man Talking, c’est une authentique première.
Avec le surcroît de stress que cela suppose.
Christelle Cornil
Elle est une des quatre demoiselles qui peut revendiquer le titre de meilleure actrice belge de l’année. Pour son premier grand rôle au cinéma, c’est déjà une formidable récompense.
Ca y est ! Aujourd’hui, j’ai réglé la question du dress code. Je suis heureuse de mon choix, voilà une bonne chose de faite !
D’ici à samedi, je dois encore perdre trois kilos et arrêter de me ronger les ongles, mais vu que les heures s’égrainent à une vitesse ahurissante, autant te dire que je vais vraisemblablement faire une croix dessus…
Tout est bien. Ma carte de pointage est partie ce matin, j’ai sorti les poubelles et mis de l’ordre dans mes papiers. Les lessives tournent, les chats ronronnent, le vent souffle, j’ai eu quelques pensées pour ceux qui me manquent, et, bien sûr, j’ai rêvé que je loupais la cérémonie des Magritte car j’étais enfermée dans ma véranda…
Mais aujourd’hui, janvier est derrière moi, alors, vive février !
Cette année, pas de discours. D’abord parce que la concurrence est sacrément belle et que j’ai moi aussi fait mes petits pronostics personnels et secrets, et puis surtout parce que le gars que j’avais engagé il y a deux ans pour m’écrire un truc a décidé de changer de plan de carrière (on m’a dit qu’il avait déposé le bilan…) Du coup, me voilà réduite à l’improvisation et au lâcher prise.
Entre les Machins vendredi et les Magritte samedi, je suis heureuse de penser que je vais recroiser plein de visages connus, de personnes aimées et faire de nouvelles rencontres. Tout cela est assez exaltant, même si je suis crevée et que j’aurais sans doute besoin, comme tout le monde, d’une semaine de Thalasso dans un pays chaud et ensoleillé, histoire de recharger les batteries à bloc. On ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre, et les baisers du crémier. (Quel dommage…)
Ces festivités promettent donc de chouettes et illustres moments, et aussi quelques ampoules aux pieds, mais qu’à cela ne tienne, et puis tout le monde s’en fout un peu, sans doute, de mes pieds.
Patrick Ridremont
Nommé en tant que meilleur réalisateur pour Dead Man Talking, champion des nominations avec 8 citations.
Pas de stress particulier.
J’ai été invité à m’asseoir anonymement dans le public lors de la première édition, j’ai été invité à monter sur scène pour remettre un prix lors de la seconde édition et je suis à présent invité à y assister en tant que nominé. Alors? Vais-je cette fois rester dans le public ou avoir la chance de monter sur scène? No f****ing idea!
Mais là où certains pourraient penser que seules comptent à mes yeux les catégories où je suis nominé personnellement, je vous avouerai que je rêve d’une soirée où je resterais assis tranquillement dans mon tuxedo noir en voyant défiler sur scène Danny Elsen pour sa lumière surréaliste, Alina Santos pour ses sublimes décors venus d’ailleurs, Pauline Burlet parce que son talent, son sourire et ses larmes ont illuminé le film et enfin Denis M’Punga et Jean-Luc Couchard main dans la main se partageant le Magritte des meilleurs acteurs dans un second rôle.
Ah non, j’allais oublier! J’aimerais aussi que le film remporte le Magritte du meilleur scénario parce que Jean-Sébastien Lopez, co-scénariste de Dead Man Talking, y est nominé. Avec moi, certes, mais j’irai jusqu’à feindre une entorse pour le voir monter seul sur scène. Ou bien je lui donnerai mes 45 secondes de temps de paroles auxquelles les gagnants ont droit pour qu’il puisse causer une minute et demie.
Mais alors, me direz-vous : quid du Magritte du meilleur film qui pourrait permettre à Serge de Poucques et Sylvain Goldberg, les producteurs, de monter eux aussi sur scène? Bon allez, j’espère que le film remportera ce Magritte-là aussi. En fait, avec beaucoup d’humilité, je les voudrais tous…sauf le mien. Et quoi qu’il arrive, que ce soit pour célébrer d’éventuelles récompenses ou oublier de probables déceptions, nous ferons la fête. Parce que finalement c’est tout ce qui compte!
Ce n’est pas une question de victoires et de défaites. Rentrer bredouille ne ferait pas de moi un loser et je ne serai pas davantage un « king du cinéma » si je plantais 8 roses sur 8.
J’ai réellement tremblé lorsque le 21 avril 2009, Nexus Factory déposait le scénario à la Communauté française. Notre sort, et le sort de Dead Man Talking étaient entre leurs mains. Nous avons remporté notre victoire la plus importante lorsque plus tard celle-ci a accepté de financer le film.
Depuis, tout n’est que plaisir, bonus, joie et heureuse délivrance. Et pour conclure, je vous dirais que le vrai stress des Magritte ce n’est pas d’obtenir des prix, mais bien d’obtenir des places!
Huit nominations et un seul invité!!!!!!!!!!!!!!!!!
J’ai dû donner mon invitation à un membre de l’équipe non invité et laisser ma nana sur le carreau! Et pour cela je suis inconsolable!
Catherine Salée
Nominée dans la catégorie « meilleure actrice dans un second rôle», mais aussi indirectement pour le court métrage U.H.T. où elle joue un des deux rôles principaux.
Je suis évidemment très contente de participer à cette soirée et d’y être nominée, je ne me fais pas trop d’illusions quant au résultat dans ma catégorie… Je trouve que c’est une bonne chose de mettre un bon coup de projecteur sur une partie du cinéma belge!
C’est important de mettre en valeur ces artistes, et souvent je trouve que la Belgique côté francophone ne le fait pas assez. Donc là, je suis à fond pour ce genre d’évènement.
Et puis c’est l’occasion aussi de faire la fête avec les amis avec qui j’ai travaillé, car non seulement il y aura une partie de l’équipe de Mobile Home mais il y aura aussi une partie de l’équipe de U.H.T qui concourt pour les courts métrages!
Nexus Factory
Sylvain Goldberg et Serge de Poucques n’en reviennent pas. Avec leurs dix nominations, ils ont cassé la baraque.
Les 8 nominations pour Dead Man Talking sont déjà une fabuleuse récompense en soi. Ça en fait le film le plus nominé cette année. Si nous remportons un prix, nous serons évidemment comblés et tellement fiers ! C’est la reconnaissance du professionnalisme et du talent de toute une équipe!
Patrick Ridremont est un auteur, acteur et réalisateur génial, charismatique et exemplaire de professionnalisme. Nous avons cru en lui et l’avons soutenu contre vents et marées. Nous avons accompagné ce projet avec enthousiasme durant 5 années. C’est dire combien il nous a fallu être patients et très persévérants !
Nous n’oublions pas non plus les nominations dans un meilleur rôle de Déborah François pour Les tribulations d’une caissière et de Jérémie Rénier pour Cloclo.
10 nominations au total pour Nexus Factory, ce n’est pas rien !
Les autres films en compétition sont tous d’une très grande qualité, nous sommes sincèrement honorés de figurer parmi cette sélection.
Bien sûr, nous avons le trac à l’approche de la Cérémonie, mais quelle qu’en soit l’issue, nous prendrons cet événement comme il se doit : une soirée de fête !
Cédric Constantin
Dans Torpedo, Cédric tenait la dragée haute à François Damiens et Audrey Dana. Samedi il sera le seul représentant aux Magritte de l’excellente comédie de Matthieu Donck…
Quand maman m’a annoncé que j’étais nominé aux Magritte, je n’ai pas compris parce que je ne savais pas ce que c’était. Mais quand elle m’a expliqué que c’était comme les Césars ou le Festival de Cannes, j’étais super content. C’était vraiment inattendu et inespéré, car je n’étais même pas au courant que j’étais dans la liste des participants.
Je sais qu’on est quatre pour le meilleur espoir masculin. Donc, du coup, j’ai une chance sur 4 de remporter le trophée. J’aimerais déjà être samedi, car ça doit être trop cool de participer, en plus j’aurai un smoking.
J’espère que je vais rencontrer plein d’acteurs et d’actrices et surtout Benoît Pelvoorde. Je vais lui demander si je peux faire un film avec lui, il est trop marrant. Et aussi avec les frères Dardenne. En fait, j’adore le cinéma et j’espère que je pourrai encore tourner dans des films, car depuis Torpédo, plus rien !
Si je ne gagne pas, c’est pas grave, mais je préférerais quand même revenir avec le Magritte.
Pauline Burlet
Le petit Chaperon Rouge de Dead Man Talking va-t-il dévorer ses trois concurrentes dans la course aux Magritte du meilleur espoir féminin. D’après nos pronostiqueurs, c’est loin d’être impossible.
Et quel stress!!!! Je rêverais tellement de me casser une jambe, attraper la varicelle, soit; une bonne raison pour être absente.
Autant je peux aimer être sur un plateau, autant je déteste les mondanités, les interviews et tout ce qui va avec!
Étant très nulle en dissertation, je peux juste dire que mon espoir est d’avoir ce prix auquel je ne m’attendais pas DU TOUT!
Et je suis sûre que comme au 1er tour, Dead Man cartonnera
Stéphane Bissot
Une soirée A Perdre la Raison? Et pourquoi pas, pour Stéphane Bissot ? Ce n’est pas parce que la soeurette d’Émilie Dequenne dans le film de Joachim Lafosse est déjà ravie d’être là qu’elle envisage de s’arrêter en si bon chemin.
C’est bien simple, je ne me nourris que de légumes depuis l’annonce de ma nomination.
Bon, pas exactement depuis l’annonce, parce que j’ai l’esprit de contradiction, même envers moi, mais presque.
J’ai tardé à commencer ma petite cure parce que je crânais un peu en faisant semblant que cette formidable nouvelle n’était sans doute pas si importante. Que ce n’est pas ça qui fait la différence… Un Magritte… Que les artistes et les professionnels, entre nous, on sait, on se connaît, on se suit, se voit grandir, évoluer, on s’aime ; qu’il y a des choses mille fois plus importantes dans la vie… L’austérité, le Mali, les intégristes, Arcelor Mittal, Dexia-Belfius…
Et puis « Oui »! Oui, ça fait la différence un Magritte !
J’étais à Paris pour des essais quand j’ai appris la nouvelle : j’ai fait des bonds ! J’avais 6 ans ,l’espace d’un moment, et je jubilais de plaisir, lâchant blagues sur bons mots à mon interlocutrice.
C’est le bonheur de sentir la confiance de mes pairs. Que ceux avec qui je travaille ou avec qui je rêverais de travailler, ces fous de liberté et d’exigence, ceux qui ouvrent des portes sur le monde, caressent les cœurs, enflamment les imaginaires, tutoie la poésie, me portent, me plébiscitent ; c’est un ravissement ! Alors légumes, essayage, robe, qui a voté pour moi, mais qui vote pour moi !?…
Moi qui me sens tout le temps illégitime dans le métier et qui remets tout en question à la moindre frayeur, je me sens un tout petit peu rassurée par leurs clics … L’amour du public que j’ai senti pendant ma période série, c’était du bonheur pur : le vrai salaire de ce métier ; sentir l’amour des pros, c’est la sève qui monte!…
Je suis heureuse d’être là, dans ce pays (même si l’émotion n’a pas de frontière), à une période où les choses s’inventent, éclosent, où tout est en chantier, où on crée nos références, nos cérémonies, nos univers.
Notre cinéma est libre, jeune, fougueux, sensuel, inventif, délirant, profond, central en Europe, à 1h25 de la ville Lumière, paré pour rayonner dans le monde…
Je ne sais si je monterai sur la scène samedi, mais je sais que je savoure chaque seconde qui me sépare de ce soir-là, de cette fête faite aux artistes et au 7e art… Je savoure en mangeant mes légumes vapeur.