« Lucky »: comédie policière menée tambour battant

Encore mieux qu’un Dikkenek 2, Olivier Van Hoofstadt livre avec Lucky une comédie policière tout en décalage et rebondissements. 

Endettés de naissance, Willy et Tony ont une idée de génie pour s’en sortir financièrement : voler un chien de la brigade des Stups. Mais tout ne se passe pas comme prévu et les deux compères devront s’en remettre à la plus corrompue des flics…

Willy (Alban Ivanov) est un gentil. Peut-être même un trop gentil. Il aime les chiens. Il les adore tellement, qu’il en a enterré quelques-uns. Le film débute d’ailleurs sur un hommage à Lucky, dernier du nom, récemment disparu. A remplacer bientôt, donc. Tony (Michael Youn), le meilleur ami de Willy, a du mal à comprendre son amour des chiens, et sa manie de tous les appeler pareil. Mais bon, quand l’opportunité se présente de combler l’amour des chiens de Willy ET de faire entrer un peu d’oseille, Tony n’est pas contraire…

Les deux compères, peu aidés par un sens de la jugeote quelque peu défaillant, s’empare donc de Lucky, 5e du nom, et chien d’élite de la brigade des stupéfiants. Si la mise en route est un peu laborieuse et amène son lot de fausses pistes, Lucky finit par faire honneur à sa réputation, et dégote un garage plein à craquer de drogue. Beaucoup de drogue. Peut-être même trop pour les capacités et compétences limitées de notre duo de bras cassés, qui n’a plus qu’une solution pour liquider la marchandise: appeler Caro (Florence Foresti), la flic la plus corrompue du coin, à laquelle accessoirement Tony doit un paquet d’argent.

Devant l’incompétence crasse des deux good boys, Caro décide de reprendre les choses en main, et va déployer des trésors d’imagination pour déjouer les plans du trafiquant arnaqué, des dealers à la petite semaine, de son commissaire dont elle convoite le poste, et de son collègue et meilleur ennemi, non sans croiser sur sa route d’improbables personnages…

Sous ses abords de comédie déjantée, Lucky surprend en proposant un film deux en un, alliant humour décalé et suspense policier, ambiance ripoux contre ripoux et arnaqueurs à la petite semaine. C’est qu’on finit par s’inquiéter du sort de ces deux nigauds attachants qui se seraient eux-mêmes jetés aux lions, et même à un moment douter de la capacité de leur « cousine » à les sortir de ce mauvais pas.

Face à eux, c’est un défilé de personnages secondaires qui brillent tous à leur heure, offrant une collection de caractères haut en couleur, aussi imprévisibles qu’étonnants. Kody excelle en dealer hyper sapé qui se retrouve à supplier un flic de le mettre en prison, Yoann Blanc joue avec délectation le collègue poisseux, celui qui vous épie et traque la moindre erreur, l’inénarrable Esteban compose un dealer tout en contretemps, Laura Laune vitupère avec classe, et Corinne Masiero joue les bourgeoises aux moeurs délicieusement libérées, pour ne citer qu’eux. On croise aussi à leur heure Daniel Prévost, François Berléand, Sarah Succo, Fred Testot…

Le cinéaste confirme qu’il n’a aucun moment voulu faire un Dikkenek 2 avec Lucky, et effectivement, on est moins dans l’enchaînement de vannes, et plus dans la construction d’un récit rocambolesque, mené non pas tant par nos deux anti-héros que par une armada d’héroïnes rebelles, surprenantes, ou même bienveillantes, en charge de l’action. Lucky est à la fois une surprise, et un rendez-vous attendu avec l’auteur de Dikkenek, mais aussi de Go Fast.

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