Réunir en un lieu unique, quelques-unes des plus prestigieuses entreprises audiovisuelles d’une région pour permettre des interactions, voire des collaborations quotidiennes, pour proposer aussi un panel d’activités le plus complet possible : tel fut fin 2010 le pari du Pôle Image de Liège.
Un peu plus d’un an plus tard, le bilan dépasse largement les attentes.
C’est le 10 décembre 2010 qu’ont été inaugurés à Liège les tout nouveaux locaux du Pôle Image de Liège. Pour se développer, ce moteur de l’économie audiovisuelle wallonne a, en effet, investi un ancien immeuble de Belgacom de 6000 m², situé rue Natalis, juste derrière la Médiacité et une vieille fabrique de tabac (18.000 m² à la rue de Mulhouse) réhabilitée avec talent par l’architecte Gil Honoré de l’Atelier AIUD.
Conçu comme un « hall d’entreprises », le vaste bâtiment est composé de bureaux et de salles de réunion bien sûr, mais également d’une salle de projection HD digitale audio Dolby utilisable par les différents membres du Pôle, un studio de mixage son Dolby et un plateau modulaire à l’usage de la télévision et du cinéma. Sans oublier des petits éléments de confort incontournables pour être performant aujourd’hui: un réseau à fibre optique, des liaisons téléphoniques sécurisées ou un serveur informatique capable de faire circuler l’équivalent de 10 millions de pages A4 en une seconde.
Ajoutez encore un espace d’accueil convivial et une cafétéria où des cocktails et des réceptions peuvent être organisés et vous atteindrez une surface totale de 24.000 m², très séduisante pour tous les intervenants de la chaîne de production, en fiction ou animation, du scénario à la distribution numérique en salle.
Autre atout de ce bâtiment, sa géolocalisation. À quelques pas de l’hypercentre de Liège, Le Pôle Image est voisin du remarquable complexe Mediacité, dont la partie commerciale occupe 6,5 ha au bord de la Dérivation (bras de la Meuse bien connu des Liégeois), mais abrite également le nouveau Centre de la RTBF. Une proximité idéale pour favoriser les collaborations.
Entièrement repensé en 2010, le profil du Pôle Image de Liège a été considérablement revu à la hausse. Objectif: devenir un lieu incontournable capable de favoriser les collaborations entre toutes les entreprises qui choisissent de le rejoindre et d’attirer des projets importants, belges ou étrangers, pour doper les économies individuelles et régionale.
Avant cette date, le Pôle Image était déjà bien actif depuis plusieurs années en tant que fédération d’entreprises, mais il était primordial d’intégrer ses différentes composantes en un espace multifonctionnel, accessible, pratique et attrayant; un espace susceptible d’accueillir quelques talents supplémentaires capables de compléter une offre modulaire complémentaire.
[Serge Plash, CEO et managing director de XDC ]
Dès le lancement, 21 entreprises ont décidé de s’installer dans les nouveaux bâtiments du PIL. On y retrouve notamment des locomotives comme XDC (référence internationale dans le domaine du cinéma numérique), WFX (spécialiste de la postproduction et des effets spéciaux, le Twist (animation et organisation d’événements), Sonicville (studio son), Memnon Archiving Services (un des leaders mondiaux de la numérisation) ou Nozon (studio d’animation). Entre autres…
La proximité de tous ces acteurs leur permet de faire des affaires entre eux, leur développement étant boosté par un département Tax-Shelter qui recherchera constamment des financements pour les producteurs de films tandis que des structures institutionnelles comme Wallimage Entreprises ou Meusinvest pourront leur prodiguer des conseils adéquats.
Un an plus tard, le succès est impressionnant. Durant toute l’année 2011, les sociétés ont tourné à plein régime et accueilli des productions très diversifiées. Ces dernières semaines, des grands noms de cinéma se sont succédé en ses murs.
Fin 2011, c’est Patrice Lecomte qui a débarqué au PIL pour superviser le travail du studio Waooh ! sur Le Magasin des Suicides. Les équipes liégeoises ont bouclé l’ensemble des décors de ce film d’animation. Une première mission capitale au succès total : respect scrupuleux des plannings, pas d’heures supplémentaires du personnel et pas de dépassement de budget !
Il s’agissait pourtant d’un véritable challenge, car entre le démarrage du projet et la livraison des décors validés, le niveau de qualité a été revu considérablement à la hausse, réduisant d’autant plus fortement le temps disponible pour la production. Plus de 25 personnes ont été mobilisées pendant plus d’une année sur cette magnifique aventure humaine. Pour la plupart de ces jeunes talents, il s’agissait d’un tout premier long-métrage ! Beaucoup n’avaient même jamais imaginé œuvrer dans le secteur.
Après Patrice Leconte, donc, et Frédéric Beigbeder venu étalonner son premier long métrage, L’Amour dure trois ans, les orfèvres du PIL ont eu le privilège de croiser le mois dernier une légende : Ari Folman, le réalisateur du renversant Valse avec Bachir (2008). The Congress , son nouveau long métrage attendu en 2013 (avec Cannes pour horizon) est actuellement en postproduction auprès du studio Mikros (FX, compositing,…). Produit en Belgique par Entre Chien et Loup, ce film est un authentique évènement attendu mondialement pour le début de l’année 2013. Il mêle l’animation et les images réelles et sa vedette est la sublime Robin Wright.
Autre studio, autres visiteurs de marque : Hélène Giraud et Thomas Szabo, partenaires de vie, mais aussi d’œuvres audiovisuelles, sont les parents des Minuscules. Après avoir fait leurs premiers pas à la télévision, leurs insectes investissent le grand écran. En relief. Le studio Nozon avait effectué un travail d’orfèvre sur la série. Il est aujourd’hui en charge – entre autres – de l’animation du film. Bonne nouvelle : Guyonne Leroy, une des stars de l’animation belge participe au démarrage du projet.
Pour rappel, Guyonne (photo ci-dessus) qui est bel(le) et bien belge a travaillé comme animatrice sur des chefs d’œuvre du genre : Toy Story, James et la Pèche Géante, Chicken Run, Max & Co ou Coraline. Sacré palmarès, non?
Dans un registre assez différent, c’est au PIL que l’excellent David Lambert dont nous vous parlons souvent est venu visionner pour la première fois son premier long-métrage, Hors les Murs (une production Frakas), dans les conditions de projection idéale de l’auditorium SonicPil. C’est dans cette salle idéale que le film de ce jeune et prometteur réalisateur belge a été étalonné et mixé.
N’en déplaise aux sceptiques, le pari d’un cluster liégeois est déjà en train de porter ses fruits. Au-delà des espérances même. Qui prétend encore qu’il ne se passe rien en Wallonie?
[Toutes les photos, sauf celles tirées du Magasin des Suicides, par P.P.]