Des tournages étrangers dans nos contrées, il y en a souvent. Depuis 2004, Le taxshelter attire beaucoup de producteurs internationaux. Et les fonds régionaux qui opèrent depuis le début du nouveau millénaire ont également un impact non négligeable sur ce phénomène. Dans la partie francophone du pays, ce sont essentiellement des longs métrages français qui utilisent nos décors et infrastructures. En Flandre, la démarche était jusqu’ici un peu moins courante, mais on a tous en tête le fameux In Bruges, un formidable film noir anglo-saxon qui se déroulait presque exclusivement dans la Venise du Nord. À la fin du mois d’août, Lars Von Trier va venir tourner à Gand. Un film coproduit par la société belge Caviar. Ce n’est pas un hasard.
Caviar est la société de production qui est à l’origine de The Spiral, une télé-suite européenne qui sera programmée dans huit pays dès la rentrée. Ce projet d’une extrême ambition a été confié au jeune réalisateur flamand Hans Herbots qui a fait ses armes sur quelques séries télé avant de passer au grand écran avec Bo. L’an prochain, il sera à la tête du blockbuster flamand de 2014 : De Behandeling, adapté de Mo Hayder, probablement avec Matthias Schoenaerts dans le rôle principal.
The Spiral
The Spiral est un thriller passionnant. En Belgique, au Danemark, en Suède, en Finlande, en Norvège, aux Pays-Bas, des œuvres d’art célèbres sont simultanément dérobées. Interpol est sur les dents. Un hasard? Un complot plutôt. Orchestré par un seul homme, le machiavélique Arturo qui a un compte à régler avec la société. Dans chaque pays, il peut s’appuyer sur des complices affûtés. Mais plusieurs protagonistes ont des agendas cachés et, très vite, l’histoire dépasse le cadre d’un « simple » cambriolage international. La traque commence.
Comme le scénario, la production s’articule sur six pays différents et les épisodes y seront programmés en même temps. Ce synchronisme a une raison : le spectateur qui le désirera pourra s’impliquer dans l’enquête via le Net, puis dans la réalité. Une interaction qui aura un impact jusque dans le dernier épisode télévisé. Un trailer de The Spiral est visible sur notre site (ICI) : montage « à l’américaine », image métallique, personnages charismatiques. La recette semble explosive.
The Spiral
Incroyable? Oui, presque. Et pourtant nous ne divaguons pas. Le spectateur francophone pourra même participer à cette aventure puisqu’on vient d’apprendre qu’Arte a décidé de rejoindre le groupe des bienheureux diffuseurs de cette expérience hors norme. La RTBF pourrait en faire autant. On l’espère, en tous cas.
Cette collaboration de Caviar avec les pays nordiques a déjà une conséquence heureuse : Lars Von Trier va venir tourner neuf jours à Gand dès la fin du mois d’août. Le reste de son nouveau long métrage sera filmé en Allemagne. Von Trier a beau être persona non grata à Cannes depuis ses propos provocateurs tenus pendant la conférence de presse de Melancholia, il reste un réalisateur de premier plan, adulé à travers l’Europe. Un réalisateur que les acteurs (minus Bjork) adorent, même s’il est extrêmement exigeant avec lui. Sa muse actuelle n’est autre que Charlotte Gainsbourg qui partageait l’affiche de Antichrist avec Willem Defoe et celle de Melancholia avec (notamment) Kirsten Dunst. Elle sera à nouveau l’actrice principale de The Nymphomaniac, un film (extrêmement) sulfureux pour lequel elle retrouve Defoe, qui lui aussi signe sa troisième prestation pour Lars Von Trier puisqu’il était déjà présent dans Manderlay.
Charlotte Gainsbourg, Willem Defoe et Lars Von Trier sur le tournage d’Antichrist
D’après Peter Aalbaek Jensen de Zentropa, la maison de production de Von Trier, il s’agirait en fait de ce fameux film érotique dont le réalisateur parle depuis de longues années : la vie d’une femme soumise à ses fantasmes. Il semblerait que le metteur en scène envisage de tourner une version hot et une autre encore beaucoup plus chaude. Les deux films devraient être terminés… pour le prochain Festival de Cannes. Une nouvelle provocation du réalisateur danois qui se demande comment les sélectionneurs vont aborder ce « problème ».
Une scène déjà très chaude d’Antichrist
En attendant, les Gantois se réjouissent de cette visite inattendue et notre reporter flamand, Kurt Vandemaele (un des tout premiers à avoir eu vent de cette histoire) est déjà sur la brèche pour traquer cette première sensation forte de la rentrée.