Adapté du roman à succès d’Emmanuel Carrère, Limonov, The Ballad, le nouveau film du cinéaste russe a été présenté au Festival de Cannes (photo © JP.Malherbe/N.L.P.). Un juste et fameux retour des choses pour Limonov (décédé en 2020) qui, avant la sortie du livre (en 2011), était méprisé depuis un moment par le petit milieu de l’édition française.
Edouard Limonov déclarait ainsi, via une fameuse saillie d’ego aussi, il faut bien le dire, dans la foulée de la sortie du livre: « Le monde compassé des lettres françaises me snobe depuis vingt ans. Et voici que je m’impose à nouveau à lui, en tant que héros d’un roman populaire. C’est non seulement très agréable. Mais aussi, cela démontre que je reste intéressant pour les Français. C’est logique: la France est un grand pays littéraire ; et, moi, je suis un grand écrivain, comparable à Céline et à Jean Genet. Le plus beau est que je m’impose à nouveau sans avoir rien renié de moi-même. Je n’ai pas plié, ni cédé, ni mis un genou à terre: le bouquin de Carrère est une reconnaissance de ma personne dans sa totalité. Vous êtes obligé de m’accepter tel que je suis. Je suis un peu comme Bakounine, le théoricien de l’anarchisme qui a posé les bases du socialisme libertaire. Sa notoriété agaçait beaucoup son contemporain Karl Marx. Pourtant, ce dernier n’a pas eu d’autre choix que de constater l’importance de Bakounine, reconnu dans le monde entier. Il paraît que, selon Le Canard enchaîné, Nicolas Sarkozy a recommandé à son entourage de lire Limonov d’Emmanuel Carrère. « Je vous le conseille pour comprendre la Russie », a-t-il dit. « Il ne faut pas oublier que ce pays, c’est trente fois la France. » C’est tout de même une bonne indication de ma popularité que j’évalue à 50-50 : la moitié des gens m’exècre, l’autre moitié m’admire. Ça me va: moi je ne cherche pas l’admiration, ni ne me préoccupe de la haine de certains. »
Le film raconte donc la vie d’Edouard Limonov, tout à la fois militant, révolutionnaire, dandy, voyou, majordome ou sans abri. Il fut un poète enragé et belliqueux, un agitateur politique et le romancier de sa propre grandeur. Cette existence, comme une trainée de soufre, est un voyage à travers les rues agitées de Moscou et gratte-ciels de New-York, des ruelles de Paris au cœur des geôles de Sibérie pendant la seconde moitié du XXe siècle.
Pas encore de date de sortie belge, mais on vous tient au courant…