« My Fair Lady rencontre Rocky. C’est le concept audacieux imaginé par le néophyte Régis Roinsard, qui filme cette romcom comme un match de boxe de plus en plus intense. » Quelle meilleure définition pourrait-on donner de Populaire que celle de Christophe Narbonne dans Première?
Dans la presse francophone (belge et française jusqu’ici), ce premier long métrage épatant fait l’unanimité et la jeune Liégeoise Déborah François se fraie une autoroute vers les cimes de la respectabilité critique, bien épaulée par un Romain Duris égal à lui-même.
« Calqué sur le professeur Higgins de My Fair Lady (le mentor qui laisse échapper sa créature par orgueil), ce personnage est très réussi, au même titre que celui de Rose, buté et romantique. Déborah François lui apporte sa fraîcheur désarmante et un pouvoir de séduction sans artifices. Le film lui doit beaucoup », confirme le même critique dans le mensuel français.
« Dans son emploi de « patron » bourru, élégant et tourmenté, Romain Duris déborde de charme », introduit Cécile Mury dans Telerama avant de préciser: » Et Déborah François s’impose avec sa frimousse malicieuse, sa vivacité de suffragette. Bref, comme on disait à l’époque, ils sont drôlement chouettes. »
« Déborah François à la fois gentille chipie et total glamour des années 50 » pour Fabienne Bradfer dans Le Soir
« Déborah François est parfaite dans la peau de Rose, la jeune fille en fleur », surenchérit Élodie Petit dans Elle, « fraîche, légère, maladroite, souriante, innocente, elle incarne la jeunesse qui veut s’épanouir loin de la campagne, tout en gardant son ingénuité. On comprend que Régis Roinsard l’ait choisie pour séduire, malgré elle, Romain Duris, qui incarne l’assureur Louis Echard. »
« De toute façon, on a d’yeux que pour Déborah François », entérine Fernand Denis dans la Libre. « La mère de « L’Enfant » poursuit son chemin de cinéma avec des hauts et puis des bas, mais elle a empoigné ce beau rôle dans une comédie populaire avec fougue irrésistible. Elle lui insuffle de la fraîcheur, de l’understatement, du peps, de l’émotion, de la colère, de la séduction. Elle est l’interprète idéale, imprime des petits caractères à l’héroïne avec un sens parfait de la distance. Ni trop ni trop peu, elle se tient idéalement en équilibre sur le fil de la complicité avec le spectateur.
C’est fini l’attitude réservée de « La tourneuse de pages », c’est elle qui est devant le clavier maintenant. »
Un enthousiasme général encore confirmé par Louis Danvers dans Le Focus Vif : « Quant à Déborah François, on manque de superlatifs pour qualifier une interprétation que la jeune actrice belge porte avec charme, justesse et vaillance, vers les sommets jadis tutoyés par son idole, Audrey Hepburn. »
Ou par Thomas Sotinel dans Le Monde (lien accessible aux abonnés): « En face, Déborah François s’amuse comme une petite folle à jouer les ingénues, passant de la gaucherie à l’élégance, se tirant à merveille des scènes de pure comédie (on ne dirait pas qu’elle a fait ses débuts sous la direction des frères Dardenne), passant avec légèreté sur les scènes lacrymales (son personnage est affligé d’un père obtus qu’il faut attendrir). »
Une actrice au top donc dans un film très fédérateur, quel plaisir !
Mais dans un long métrage chacun voit aussi ce qu’il cherche. Nous avons épinglé deux exemples amusants, car en marge du concert global, même si dans les deux cas, les journalistes ont apprécié la composition de Régis Roinsard, ils se risquent à des propositions étranges.
Le critique de Moustique y a vu une » Rencontre, quelque part entre Mad Men et… la Star Ac, avec deux acteurs pas forcément taillés pour le rôle. » Mais c’est dans les Inrocks que Vincent Ostria va encore un cran plus loin en affirmant que : « Le sexe est métaphorisé par la machine à écrire, objet fétichisé, qui devient un substitut, une prothèse SM. On est alors plus près de Crash et du Festin nu que de la comédie américaine ; la machine devient la condition sine qua non de la jouissance. » Du coup le titre de son article prend tout son sens : « Plus Grinçant qu’il n’y paraît ».
Amusant? Illuminé? Ou lucide? Le saura-t-on jamais?
Pour tout vous dire, on a même lu la critique d’un cynique chronique qui prétendait que rien ne fonctionnait dans le film. Nous ne succomberons pas à la tentation de la délation ;-), (ne cherchez pas trop loin, c’est une évidence), mais conclurons néanmoins que ce type de remarques étranges totalement décalées renforce sans aucun doute la crédibilité de l’élan de tous les autres critiques. Car l’unanimité est toujours suspecte … Et agaçante.
Or, vous l’aurez compris, Populaire est de l’avis (presque) général, la comédie romantico-sportive à voir absolument en cette fin d’année. Le film qui va illuminer le mois de décembre. Et au-delà.