Benoit Poelvoorde étonne dans « Au poste », le nouveau film de Quentin Dupieux

Comédie barrée de l’été, Au poste bénéficie d’un casting aux petits oignons, emmené notamment par un Benoît Poelvoorde surprenant qui se glisse à merveille dans l’univers déjanté du réalisateur français. 

Quentin Dupieux, alias Mr.Oizo, voit sa carrière exploser au tournant des années 2000 en créant le personnage de Flat Eric, petite peluche gentiment élimée héroïne du clip Flat Beat. Dupieux s’impose alors comme l’une des figures majeures de la musique électronique française, dans le sillon de Laurent Garnier, Air ou Daft Punk.

Quelques années plus tard, il se lance dans le cinéma. Son premier film, Steak, racontait l’histoire de deux jeunes en mal d’amis qui subissent un lifting radical du visage pour s’intégrer. Rubber, celle d’un pneu tueur en série. Wrong celle d’un homme qui perd la tête après avoir perdu son chien. Réalité, celle d’un caméraman en quête du meilleur gémissement de cinéma qui ait jamais eu lieu.

Sa filmographie est une ode à l’absurde et aux situations improbables. Sur le papier, Au poste pourrait presque avoir l’air hyper-réaliste. Dans un poste de police, un tête-à-tête entre un policier et un gardé à vue tourne à l’affrontement. Evidemment, s’en tenir au pitch serait induire le spectateur en erreur. Cloitrés (dans un premier temps) dans ce commissariat aveugle, parfaitement coupés du monde extérieur, les deux hommes se font face, seulement interrompus par les irruptions plus ou moins contrôlées de quelques collègues. Jusqu’à… autant ne rien en dire.

Le terrain de jeu des comédiens est minimal. Un bureau, quelques placards, l’un ou l’autre tiroir… L’intrigue ne l’est pas moins. L’homme clame son innocence, le flic cherche sa culpabilité. Jusque dans le moindre détail. Cette mince situation offre un boulevard aux acteurs pour dérouler leur sens de l’absurde. Alors que les films précédents de Dupieux s’épanouissaient dans un non sens revendiqué, on est ici dans un registre plus immédiatement identifiable, celui de la comédie française. Fini aussi le rêve américain, nos protagonistes sont bien Français, limite franchouillard.

Et le film nous offre un défilé de comédiens particulièrement à l’aise dans leur exercice absurdo-comique, à commencer par Marc Fraize, hilarant (et inquiétant) dans le rôle du flic maladroit, et Anaïs Demoustier qui incarne son épouse, tout en accent ch’ti et tic de langage. Son « c’est pour ça » ponctuant chaque fin de phrase devrait s’incruster à long terme dans la mémoire des spectateurs.

Un écrin de choix pour les deux comédiens principaux, en somme. Dans le rôle du gardé à vue, on découvre Grégoire Lustig, échappé du Palmashow, qui réussit avec talent sa conversion au cinéma. Face à lui, Benoît Poelvoorde incarne un flic persévérant mais un peu désabusé, avec une retenue qui sert l’univers de l’auteur, et l’efficacité des dialogues. Une interprétation aussi surprenante que pertinente, au service d’un personnage de flic français à l’ancienne, en écho au cinéma des années 70 et 80. Car au-delà du légendaire « C’est pour ça » du couple formé par Marc Fraize et Anaïs Demoustier, les dialogues souvent loufoques, toujours décalés, font le sel de cette comédie atypique, une comédie qui repose à plein sur le jeu des acteurs plus que sur les situations.

Le comédien belge a une actualité pour le moins chargée. On le retrouvera cet automne dans deux autres comédies, Le Grand Bain de Gilles Lellouche, présenté à Cannes, et Raoul Taburin, de Pierre Godeau, avec Edouard Baer, une adaptation de la BD de Sempé. Il a également tourné dans Deux fils, le premier film du comédien Felix Moati, et dans Blanche comme Neige d’Anne Fontaine. Il tourne actuellement pour la première fois devant la caméra de son compatriote Fabrice du Welz, Adoration.

Au poste, distribué par Distri 7, sort ce mercredi 11 juillet en Belgique.

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