Avec Après la pluie, Quentin Noirfalisse et Jérémy Parotte se penchent sur les conséquences des inondations de juillet 2021 qui ont fait plus de 40 morts et des dizaines de milliers de sinistrés dans les vallées de la Vesdre et de l’Ourthe. Qu’en est-il des reconstructions, des indemnisations, de la réparation, des biens et des âmes? Comment éviter ou contrôler à l’avenir les prochaines catastrophes naturelles annoncées?
Pendant près de trois ans, les cinéastes ont accompagné les habitant·es touché·es et même dévasté·es par ces pluies torrentielles. Ce n’est pas un hasard, les eaux se sont déversées dans des quartiers populaires et ouvriers, soudain en proie à la colère du ciel. Ces « petites » gens vont de « très mal » à « je survis ». Leurs peines, morales et matérielles, sont sous-évaluées, quand elles ne sont pas niées, et les indemnisations tardent à venir. Quand elles sont là, enfin, il faut faire face à la logistique des réparations, aux entrepreneurs pas toujours honnêtes, à de nouveaux cycles d’ennuis qui s’enclenchent.
Entre crainte de l’expropriation, travaux qui n’en finissent pas, traumatismes affleurant, beaucoup campent encore, des mois après la catastrophe. Beaucoup se battent, pour soi-même, pour les autres aussi. Beaucoup de femmes, d’ailleurs, aux premières loges du combat. Les sinistré·es se sentent abandonné·es par les politiques, d’autant qu’au fil du temps, les enjeux électoraux qui approchent paralysent les prises de décision.
Alors que le récit avance, les cinéastes partent à la rencontre des expert·es qui étudient le terrain pour comprendre les causes de la catastrophe, et anticiper les prochains débordements. Il s’agit aussi de prendre le recul nécessaire pour comprendre comment l’homme, en modifiant l’environnement pensant l’apprivoiser, a irrémédiablement endommagé son équilibre. On ne peut pas tout domestiquer, certainement pas la nature. Dans ces vallées, la rivière a été regardée comme un objet plus que comme un sujet. Lui rendre son autorité et lui donner plus de place pourrait permettre d’éviter une partie des problèmes, mais a-t-on le temps, les moyens, et surtout la volonté de penser les aménagements du futur, et même de demain? Est-on prêt, collectivement, à mettre en place un projet de société visant à régénérer le territoire pour le rendre plus résilient?
C’est à la fois la réparation des traumas et leur prévention que les cinéastes abordent dans ce documentaire, au plus près des victimes, et de celles et ceux qui réfléchissent à d’autres mondes possibles.
Montré en avant-première bruxelloise ce 30 mai à l’Aventure, le film sort ce mercredi 5 juin à Bruxelles et en Wallonie.