Après avoir remporté le Magritte du Meilleur premier film pour Faut pas lui dire, Solange Cicurel revient avec un nouveau film pop et pétillant, une comédie familiale autour de l’adolescence qui devrait parler à nombre d’entre nous, que l’on soit parent, ado… ou ex-ado!
Emma est psychologue, autrice d’un livre sur ses rapports avec sa fille adolescente. Et pourtant… Alors qu’elle fête ses 14 ans, Lila commence sa crise d’ado et passe d’une enfant parfaite à une adolescente insupportable. Victor tente d’apaiser les tensions mais entre mère et fille, la guerre est déclarée ! Tous les coups sont permis et plus question d’être adorables…
Premiers émois, premiers mensonges… Lila a beau être une petite fille « parfaite » avec tous les guillemets que l’on peut imaginer, adorer sa mère, son père, passer gracieusement outre leur divorce, et faire la joie et le bonheur de leur maisonnée, quand sa mère envisage de la priver de sortie, et donc, de croiser le beau garçon qui lui fait de l’oeil à l’école, la machine s’enraye soudainement. Et ce ne sont pas les principes de bienveillance et d’éducation positive d’Emma – ou sa pédagogie en kit à la scandinave comme dirait son ex Victor – qui vont suffire à passer le cap. Dépassée, Emma décide de passer aux choses sérieuses: punitions et mesures de rétorsion.
A la maison, c’est la Guerre des Roses, et on ne peut pas dire que Lucien, l’ex-mari, joue les médiateurs, dans un premier temps. Peut-être bien même qu’il souffle un peu sur les braises. Sans compter qu’alors que Lila se découvre, des papillons plein le ventre, Emma elle se redécouvre, et pourrait bien elle aussi tomber amoureuse. D’ailleurs, alors que c’est sa fille qui est censée être en pleine crise, Emma se demande ce qui lui arrive, à elle. Elle ne se reconnait plus. On la déclare même allergique à sa fille! A son grand désarroi, c’est l’ombre d’une autre mère qu’elle reconnait fort bien, la sienne. Il faut dire qu’Emma a vécu une adolescence conflictuelle, et s’est juré de ne jamais reproduire le comportement de sa mère.
Mais peut-on échapper aux schémas éducatifs légués par nos parents? Adorables expose plusieurs facettes de la maternité, à travers une histoire trans-générationnelle. En interrogeant ses propres principes éducatifs, Emma repense à ceux de sa mère, qu’elle a tant détestés, et qu’elle se surprend à appliquer presque malgré elle.
Le film surfe en passant sur une vague salutaire car déculpabilisante, celle des « mauvaises mères ». Ces mères qui veulent être mère et bien autre chose encore. Ces mères « indignes » qui voudraient parfois s’épanouir en dehors de la maternité, et se souvenir qu’elles aussi, ont été des adolescentes. Isabelle (Tania Garbarski), la soeur d’Emma qui a son premier enfant passé 40 ans s’en donne à coeur joie, et enchaîne les répliques jouissives pour toute mère (et tout parent) sensiblement épuisée: « Le meilleur moment de la journée, c’est quand l’enfant dort », « Si je le mets à la crèche, je le reprends pas ». Que le parent qui n’a jamais pensé ça dans un moment d’absence (ou de trop-plein) lui jette la première pierre…
Le film dépeint avec tendresse ce paradoxe universel: « Quand elle est pas là elle me manque, et quand elle est là elle m’emmerde, » constate Emma. Mais il aborde aussi, en passant, la question de la charge maternelle, de l’image que l’on renvoie et que l’on attend de nous: « Je voulais être une mère formidable et je suis nulle, » se lamente Emma. Mais finalement, a-t-elle seulement demandé à sa fille ce qu’elle en pensait?
Ioni Matos, pour la première fois à l’écran, incarne Lila. La jeune comédienne belge lui confère son naturel et sa spontanéité, et parvient à offrir une belle présence à son personnage, face à des comédien·nes aussi chevronné·es qu’Elsa Zylberstein, parfaite en mère au bord de la crise de nerfs, Lucien Jean-Baptiste, papa cool qui observe et renoue les liens, Hélène Vincent, mère et grand-mère au regard affuté, ou encore Tania Garbarski, jeune mère un peu dépassée mais franchement rebelle.
Fort d’un sujet hyper actuel qui devrait évoquer bien des souvenirs chez de nombreux spectateurs·trices et servi par un casting séduisant, Adorables pourrait bien être la comédie familiale de l’été, doucement piquante, et sincèrement émouvante. Le film sort le 29 juillet prochain!