« Adieu les cons », comédie du désespoir

Virginie Efira est à l’affiche cette semaine d’Adieu les cons, le nouveau film d’Albert Dupontel, farce noire et cartoonesque peuplée d’âmes bienveillantes errant dans un monde qui ne les méritent peut-être plus.

Lorsque Suze Trappet apprend à 43 ans qu’elle est sérieusement malade, elle décide de partir à la recherche de l’enfant qu’elle a été forcée d’abandonner quand elle avait 15 ans. Sa quête administrative va lui faire croiser JB, quinquagénaire en plein burn out, et M. Blin, archiviste aveugle d’un enthousiasme impressionnant. À eux trois, ils se lancent dans une quête aussi spectaculaire qu’improbable.

Avec Adieu les cons, Albert Dupontel ajoute une nouvelle pierre à sa filmographie traversée de tragédies burlesques et de personnages un peu paumés chez qui la révolte gronde, habitant des univers souvent bédéesques (l’affiche d’Adieu les cons, comme celles d’ailleurs de 9 mois ferme ou Le Vilain y font d’ailleurs clairement référence). Il rejoue ici la comédie du désespoir, avec une farce à la fois noire et bienveillante. Une sorte de comédie anti-romantique sur le manque d’amour, où trois éclopés de la vie, qui guettent avec curiosité la mort, s’allient presque malgré eux pour un flamboyant baroud d’honneur.

On retrouve évidemment le sens de la formule pour le moins aguerri du cinéaste, et son goût prononcé pour les aphorismes: « Il va pas bien, il est amoureux, pour des gens comme nous, c’est terrible! » s’affole JB, tandis que Bouli Lanners, en médecin spectaculairement peu psychologue, livre à Suze son interprétation toute personnelle de sa maladie: « Les anticorps, c’est comme la police. Quand elle se trompe, ça fait des dégâts! »

Les personnages de Dupontel semblent souffrir d’un dramatique anonymat (comme un running gag, « les autres » ne savent jamais comment ils s’appellent), facteur de solitude, produit à la chaîne par une société bureautisée et hyper connectée. Il n’y a plus vraiment de trace d’humanité dans les grandes avenues impersonnelles de la ville du futur très proche imaginée par Dupontel. Un monde perclus de conformisme. « J’ai tellement réussi à faire comme tout le monde, que maintenant j’en crève », confie Suze à son moi adolescent, auprès duquel elle s’excuse de ne pas avoir été à la hauteur de ses rêves.

Virginie Efira livre une performance empreinte aussi bien de légèreté que de gravité, sa mélancolie naturelle, entraperçue au fil de sa filmographie, faisant des merveilles dans ce rôle de Suze, qui lui a d’ailleurs valu le Prix de la Meilleure interprétation lors du dernier Festival de Namur.

Rappelons d’ailleurs qu’Adieu les cons y a également reçu le Prix du public. Le film sort ce mercredi dans les salles belges, une excellente occasion de continuer, plus que jamais, à fréquenter les salles obscures.

 

 

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