Un heureux évènement
Faites des mômes (qu’ils disaient) !

Barbara et Nicolas se rencontrent dans un vidéo club. Ils tombent amoureux, partent en vacances, c’est l’idylle idéale. Elle tombe enceinte. C’est le bonheur! Ou pas. S’échappant de la romance légère, le film suit alors, avec une méticulosité fort amusante, tous les petits bouleversements qui vont lentement s’accumuler jusqu’à changer radicalement l’équilibre des forces en présences, les habitudes, l’essence-même de la relation.

 

Avec son titre en forme de clin d’œil narquois, Un Heureux Événement, deuxième long métrage de Remy Bezençon est une lente plongée douce-amère dans les affres de la maternité, qu’on ne vous conseille pas trop si vous êtes enceinte et (jusqu’ici) comblée en ménage. Vous risqueriez de regretter d’avoir délaissé la pilule ou le préservatif. Si vous êtes sur le point de devenir parents, ce n’est d’ailleurs pas le seul film à éviter tant on dirait que les scénaristes s’acharnent aujourd’hui à démythifier un état qui faisait consensus.  À Perdre la Raison, à l’affiche depuis quelques semaines, n’est pas le film le plus engageant pour une jeune mère, le formidable We need to talk about Kevin et l’effrayant Grace le rejoindraient sur le podium si Post-Partum, le nouveau drame de Frakas réalisé par Delphine Noels avec Mélanie Doutey que vous pouvez découvrir dans notre grand écran, n’était pas le pire de tous.

 

Si par contre, vous ne comptez pas enfanter dans les douze années à venir ou si vous êtes déjà père ou mère et que tout s’est très bien passé pour vous, alors, nous ne saurions trop vous conseiller cette drôle de comédie romantique décalée, originale et pétillante. Elle n’est plus à l’affiche des salles belges. Évidemment! Elle n’est pas encore programmée à la télé? Pas de problème. Selon les règles édictées par la très fameuse chronologie des médias, la voilà qui nous arrive en DVD. Que du bonheur ! Et si la bande-annonce vous plaît, n’hésitez pas à participer au concours que nous vous proposons pour remporter un des sept DVD distribué Cineart. C’est ici que ça se passe.

 

 

« Bezançon s’est révélé au grand public avec Le premier jour du reste de ta vie, chronique familiale plutôt bien vue », rappelait François-Guillaume Lorrain dans Le Point. « Il reprend d’abord cette humeur légère, primesautière, fine mouche, où les saynètes rapides s’enchaînent, avant d’adopter, en s’appuyant sur le livre d’Abécassis, un registre plus grave et plus intéressant : l’isolement et le vide existentiel d’une mère, qui ne s’appartient plus, coupée du reste du monde, quasiment mise au ban d’une société hypocrite, dès lors qu’un cher petit débarque dans son existence. Dans ce registre, plus émouvant, Bourgoin est tout aussi à l’aise que dans l’ironie vive »

 

 

 

Ce petit régal de comédie grinçante, parfois franchement dramatique (pour une fois le terme colle) accomplit l’exploit de faire hurler de rire dans des moments tragiques ou émouvants, pour mieux nous nouer la gorge la minute suivante. Très très fort!

 

Dans ce premier grand rôle populaire, Louise Bourgoin est formidable bien sûr, mais tout le monde ici joue avec une justesse confondante. Mention spéciale à Pio Marmaï qui est tout simplement parfait en post ado démuni devant la vraie vie et aussi à Josiane Balasko carrément exceptionnelle en post soixante-huitarde tendre et désabusée.

 

 

« Josiane Balasko et Gabrielle Lazure offrent une vision diamétralement opposée (mais hautement réaliste) de ce que peut être une belle-mère, entre humour, tendresse et lourdeur. », confirme Gilles Botineau sur le site Excessif.

 

La deuxième savoureuse réussite du film, ce sont les dialogues: bien ciselés, vifs, très drôles, souvent imprévisibles, toniques, et qui évitent les mots d’auteur balourds. Troisième point fort: quelques moments d’anthologie viennent nous cueillir par surprise et emballer la belle mécanique: on pense ici à la scène d’ouverture dans le vidéoclub ou à l’incroyable séquence onirique aqueuse

 

 

Un heureux évènement a été coproduit en Belgique par Scope Pictures. Et en partie filmé ici. Outre la convivialité exceptionnelle que toutes les équipes françaises n’hésitent pas à reconnaître aux tournages belges, notre pays présentait pour ce film un attrait extrêmement important: la législation relative au travail des enfants est en effet beaucoup plus souple chez nous qu’en France. Il ne s’agit bien sûr pas d’exploitation, loin de là. Mais dans le cadre d’un film comme celui-ci qui vise un réalisme total (il faut voir le corps de Louise Bourgoin faussement enceinte pour comprendre la perfection recherchée), la production voulait pouvoir compter sur des bébés qui ont l’âge de leur rôle: un tout nouveau-né pour la séquence de l’accouchement, un autre de quelques jours, un troisième de quelques semaines, etc. Et il s’est trouvé chez nous des familles qui ont accepté de collaborer,ce qui ajoute à l’œuvre ce soupçon de vérité qui, au final, fait une réelle différence.

 

Mais, la production nous l’a confirmé : aucun nouveau-né n’a été blessé ou malmené pendant le tournage. Ouf…

 

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