C’est non seulement un des jeunes acteurs les plus prometteurs du cinéma belge, mais c’est aussi un garçon simple, sympathique en diable, vif, mûr et terriblement attachant. Thomas Doret est donc encore dans le sud de la France pour une semaine et demie, occupé à terminer, Renoir La Source son deuxième long métrage où il donne la réplique à Michel Bouquet et Vincent Rothiers. A part une pointe d’accent français naissante (ou est-ce une illusion?), le moins qu’on puisse dire est qu’il a gardé intacte toute sa spontanéité. Tant mieux, c’est la marque des grands !
Tourner un premier film avec les frères Dardenne est en général synonyme d’une carrière intéressante à suivre. D’abord, parce que Jean-Pierre et Luc ont l’œil, qu’ils ne se trompent pas quand ils pensent repérer un nouveau talent; ensuite parce que travailler avec eux n’est jamais une expérience anodine : ils ont une méthode stricte pour tirer le meilleur de leur comédien et lui révéler l’essence de son talent.
Même s’ils prétendent qu’on ne dirige pas un enfant, ils n’ont pas fait autre chose avec Thomas Doret: le gamin au vélo les a épatés dès le casting, mais ils l’ont aidé à devenir un comédien, à tenir une heure trente à l’écran et tous ceux qui ont vu sa prestation savent qu’elle est d’un niveau exceptionnel.
Conséquence logique : il n’aura pas fallu longtemps pour que Thomas trouve un nouveau rôle. Dans un autre registre. Mais ce qu’il a appris du côté de Seraing lui a été précieux.
» On ne peut pas comparer les deux films, car ils sont très différents. Ici, on n’a pas répété pendant de longues semaines avant de débuter le tournage. Je ne dirais pas que c’est plus facile, c’est juste une autre expérience. L’avantage pour moi est que les frères Dardenne m’ont énormément appris et que je profite leurs conseils me facilitent le travail sur ce nouveau film. »
Autre différence notable entre les deux expériences: si Le Gamin était tourné à Seraing, Renoir, La Source l’est dans le sud de la France ce qui suppose de grosses adaptations, un style de vie inédit, loin des siens :
« Ça ne me dérange pas », nuance Thomas. « Quelqu’un s’occupe de moi ici et mes parents viennent me voir une fois tous les quinze jours. J’ai aussi plusieurs professeurs particuliers qui me donnent sept heures de cours par semaine. Ils travaillent à partir du programme belge, mais l’expliquent forcément à leur façon. Je suis seul avec eux et c’est très intensif. Lorsque je rentrerai en Belgique, je ne devrais pas avoir perdu de temps. Mais, franchement, je préfère les cours normaux avec les intercours et les récrés.
– Et tes potes?
– Oui, surtout mes potes », rigole-t-il. »Je rentre le cinq novembre, je reprendrai donc les cours après les congés de Toussaint. »
Et quand on demande à Thomas s’il s’attend à être accueilli en héros, il s’amuse à nouveau de la remarque, à peine conscient que ce qu’il est en train d’accomplir à son âge est une performance exceptionnelle. Nature, le bonhomme. Serein. Il suffit de jeter un coup d’œil sur sa page Facebook perso pour comprendre que Thomas est resté d’une totale simplicité, très attaché à ses proches et très discret sur ses exploits. D’accord, l’équipe du film a exigé la plus grande discrétion sur le tournage, aucune photo n’a, par exemple, filtré jusqu’ici. On sait tout juste qu Renoir, La Source aborde les dernières années de la vie du peintre Auguste Renoir, au début du XXe siècle et sa relation avec ses fils Pierre, Claude et Jean Renoir. … Parmi les frères de Thomas, on pointe un certain Vincent Rothiers, acteur phare de la nouvelle génération française:
« Il est génial dans le film », acquiesce Thomas. « En plus, il est super sympa »
Autre secret bien gardé par Thomas : l’épisode Tintinesque qu’il a vécu samedi. Oh, il avait bien laissé entendre qu’il allait rencontrer Spielberg, mais sans insister, juste en passant: du coup, tout le monde avait pris ça pour un gag. Et pourtant, pas du tout ! A l’invitation de Philippe Reynaert, directeur de Wallimage/Bruxellimage, il est bien revenu en Belgique par avion ce week-end pour serrer la pince à ce grand metteur en scène américain.
« Philippe Reynaert m’a présenté et a expliqué que je jouais dans le film des frères qui a gagné un prix à Cannes », précise Thomas. « Steven Spielberg semblait bien les connaître. Il a été très gentil avec moi et son film est vraiment excellent. J’ai beaucoup apprécié de le découvrir ainsi en avant-première. »
L’histoire rapporte aussi que Thomas a tapé dans l’oeil de Steven qui déclara un peu plus tard: « si Jamie Bell change trop vite, voilà un excellent Tintin pour les autres épisodes. »
» Ce n’est pas à moi qu’il a dit ça », nuance Thomas, « mais on me l’a raconté. Je l’ai vu parler avec Philippe Reynaert et, à un moment, ils m’ont regardé en souriant. »
Le plus amusant est que cet intérêt ne paraît même pas émouvoir Thomas plus que ça. Avec ou sans vélo ce gamin est incroyable et on a hâte de le découvrir dans un nouveau film, un nouveau rôle, un nouveau contexte, prélude sans doute à de nouvelles aventures.
» Oui, oui, j’ai très envie de continuer. Je pense qu’après ce film, on va chercher un agent qui pourra m’aider à trouver de nouveaux projets. »
Une démarche avisée à ce moment charnière. Miser ici sur l’avenir de ce jeune comédien est un excellent investissement, car la mutation toujours délicate entre l’enfance et l’âge adulte s’opère chez Thomas de manière douce et précoce. Le gamin grandit vite et bien !