C’est un véritable plébiscite que les votant·es de l’Académie André Delvaux ont réservé à La Nuit se traine et à son jeune cinéaste, Michiel Blanchart, qui totalisent pas moins de 10 prix, remportant toutes les catégories dans lesquelles le film était nommé. Un nouveau record donc, après celui établi par Duelles et Olivier Masset-Depasse en 2020, avec 9 statuettes.
La profession a donc salué l’audace de Michiel Blanchart, et son approche moderne d’un cinéma de genre en prise avec les débats sociétaux. Thriller hyper tendu qui se déroule à un rythme effréné le temps d’une nuit de manifestation Black Lives Matter, le film pose un regard incisif sur le monde contemporain, et fait de Bruxelles un terrain assez inédit de film d’action, incluse une course-poursuite mémorable dans le métro.
Face au raz-de-marée La Nuit se traine, on pense bien sûr aux autres films en lice, et à la qualité de cette sélection 2025. Si le talent de Guillaume Senez (Keeper, Nos batailles), dont le dernier film Une part manquante concourrait pour le Meilleur film n’est plus à démontrer, et si le détour par la fiction opéré par Jawad Rhalib avec Amal a su marquer les esprits et rencontrer un public convaincu, on pense également aux deux autres premiers films qui concouraient pour le grand prix, les très réussis Il pleut dans la maison et Quitter la nuit, des très prometteuses et talentueuses Paloma Sermon-Daï et Delphine Girard. Si la deuxième, en très bonne place dans les nominations, ne figure malheureusement pas au palmarès, la seconde y est représentée à travers le travail formidable effectué avec ses comédien·es: Louise Manteau (déjà remarquable l’année dernière dans Temps Mort, et à l’affiche également cette année de Chiennes de vie), qui remporte le prix de la Meilleure actrice dans un second rôle, et les magnifiques débutant·es, Makenzy et Purdey Lombet, frère et soeur à la vie comme à l’écran, qui décrochent les prix du Meilleur espoir masculin et féminin!
Mais revenons à La Nuit se traine… Outre le grand prix, le film reçoit également celui du Meilleur premier film, et vaut à Michiel Blanchart les prix du Meilleur scénario, et de la Meilleure réalisation, rien que ça! Notons aussi que c’est toute son équipe artistique qui est saluée, une équipe qui mixe les talents confirmés (on pense notamment à Catherine Cosme, qui décroche son premier Magritte des Meilleurs décors après 4 nominations; ou encore David Vranken au son, déjà primé pour Un monde et Animals, et qui décroche à nouveau le prix aux côtés de David Gillain, Joey Van Impe, Thibaud Rie, Fabrice Grimard, Antoine Wattier et Vincent Gregorio), et les nouveaux et talentueux nouveaux venus aux Magritte, comme Sylvestre Vannoorenberghe (Meilleure image), Isabel Van Renterghem (Meilleurs costumes) et Matthieu Jamet-Louis (Meilleur montage). Last but not least, le film vaut à Jonas Broquet un retour en grâce aux Magritte, après la nomination pour le Meilleur espoir en 2011 pour Elève Libre, lors de la 1ère édition de la Cérémonie. Il remporte le Magritte du Meilleur acteur dans un second rôle.
Restait à attribuer les très convoitées statuettes du Meilleur acteur et de la Meilleure actrice, qui sont revenues… à Lubna Azabal et Arieh Worthalter, tous deux déjà primés l’année dernière. Quand les membres de l’Académie aiment des talents, ils les aiment à la folie! Lubna Azabal, ça ne surprendra personne, est stupéfiante d’intensité et de justesse dans Amal, et on comprend que sa performance ait une fois de plus mobilisé les votes. Une belle reconnaissance pour le film de Jawad Rhalib. Arieh Worthalter livre par contre une partition surprenante dans Chiennes de vie par rapport aux rôles qui l’ont distingué jusqu’ici, Xavier Seron ayant su faire ressortir un goût pour la comédie, mi-romantique, mi-douce amère. Lubna Azabal et Arieh Worthalter deviennent les interprètes les plus primés de l’histoire des Magritte, avec chacun 5 récompenses.
Notons enfin que la jeune cinéaste Samira El Mouzghibati s’est vu décerner le Magritte du Meilleur documentaire pour son très beau film Les Miennes, et que le prix du Meilleur film flamand est revenu à Julie Zwijgt de Leonardo van Dijl, découvert à la Semaine de la Critique de Cannes.
Découvrez ci-dessous l’intégralité du palmarès, et dans les jours qui viennent sur les site les interviews des lauréats.
MAGRITTE DU MEILLEUR FILM
La nuit se traîne de Michiel Blanchart, produit par Michaël Goldberg et Boris Van Gils (Boucan
Brussels)
MAGRITTE DU MEILLEUR PREMIER FILM
La nuit se traîne de Michiel Blanchart, produit par Michaël Goldberg et Boris Van Gils (Boucan
Brussels)
MAGRITTE DE LA MEILLEURE RÉALISATION
Michiel Blanchart pour La nuit se traîne
MAGRITTE DU MEILLEUR DOCUMENTAIRE
Les miennes de Samira El Mouzghibati, produit par Alice Lemaire et Sébastien Andres (Michigan
Films)
MAGRITTE DU MEILLEUR FILM FLAMAND
Julie zwijgt de Leonardo van Dijl, produit par Gilles Coulier, Gilles De Schryver et Wouter Sap (De
Werelvrede) et coproduit par Delphine Tomson, Jean-Pierre et Luc Dardenne (Les Films du Fleuve)
MAGRITTE DU MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL OU ADAPTATION
Michiel Blanchart pour La nuit se traîne
MAGRITTE DU MEILLEUR FILM ETRANGER EN COPRODUCTION
La plus précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius, coproduit par Delphine
Tomson, Jean-Pierre et Luc Dardenne (Les Films du Fleuve)
MAGRITTE DE LA MEILLEURE ACTRICE
Lubna Azabal dans Amal (rôle : Amal)
MAGRITTE DU MEILLEUR ACTEUR
Arieh Worthalter dans Chiennes de vie (rôle : Franck)
MAGRITTE DE LA MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE
Louise Manteau dans Il pleut dans la maison (rôle : Leïla)
MAGRITTE DU MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE
Jonas Bloquet dans La nuit se traîne (rôle : Théo)
MAGRITTE DU MEILLEUR ESPOIR FÉMININ
Purdey Lombet dans Il pleut dans la maison (rôle : Purdey)
MAGRITTE DU MEILLEUR ESPOIR MASCULIN
Makenzy Lombet dans Il pleut dans la maison (rôle : Makenzy)
MAGRITTE DE LA MEILLEURE IMAGE
Sylvestre Vannoorenberghe pour La nuit se traîne
MAGRITTE DU MEILLEUR SON
David Vranken, David Gillain, Joey Van Impe, Thibaud Rie, Fabrice Grizard, Antoine Wattier
et Vincent Gregorio pour La nuit se traîne
MAGRITTE DES MEILLEURS DÉCORS
Catherine Cosme pour La nuit se traîne
MAGRITTE DES MEILLEURS COSTUMES
Isabel Van Renterghem pour La nuit se traîne
MAGRITTE DE LA MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE ex-aequo
Frédéric Vercheval pour Green border
Charles de Ville et Nelly Tungang pour Sauvages
MAGRITTE DU MEILLEUR MONTAGE
Matthieu Jamet-Louis pour La nuit se traîne
MAGRITTE DU MEILLEUR COURT MÉTRAGE DOCUMENTAIRE
Les vivant·es d’Inès Rabadán, produit par Anne-Laure Guégan et Géraldine Sprimont (Need
Productions)
MAGRITTE DU MEILLEUR COURT MÉTRAGE DE FICTION
Eldorado de Mathieu Volpe, produit par Sebastian Schelenz (Velvet Films)
MAGRITTE DU MEILLEUR COURT MÉTRAGE D’ANIMATION
En mille pétales de Louise Bongartz, produit par Bastien Martin (Camera-etc)