» Une des fonctions de l’artiste est de montrer le monde tel qu’on n’a pas encore su le regarder. Godard, Bunuel, Ferreri, Pasolini, Boisset, Kubrick, Stone, Autant-Lara… : certains êtres sont nés avec du scandale dans les veines. Le moindre de leur geste laisse de grandes traces sanglantes sur les palissades virtuelles qui repoussent nos interdits… Ces films qui dérangent ont une vertu. En critiquant, en attaquant, en choquant, en blessant, en ridiculisant, en touchant où ça fait mal, ils ouvrent un débat sur des problèmes souvent fondamentaux, ils remettent en cause des certitudes tenues par certains comme inébranlables ou intangibles. »
Cet extrait de » 50 films qui ont fait scandale « , de Alain Riou et Gérard Camy, Ciném’action, repris sur leur site internet par les organisateurs RAMDAM, le festival du film qui dérange, définit clairement les lignes de force de leur manifestation. Pendant une semaine, dans la cité aux cinq clochers, le cinéma va vous faire Tournai la tête. Du 17 au 24 janvier. À Imagix, Tournai.
Lancé en janvier 2011, RAMDAM, le festival du film qui dérange, a été placé sous la bonne étoile de sa première marraine, l’actrice belge Lubna Azabal, venue y présenter « Incendies », de Gilles Villeneuve (prix Lumières du meilleur film francophone ce vendredi à Paris). L’idée de créer un rendez-vous cinématographique majeur à Tournai, née d’une réflexion collective entre divers moteurs culturels de la ville, venait de se concrétiser.
Comme l’an dernier, la deuxième édition de cette manifestation propose une programmation répartie en trois catégories : fiction, documentaire et rétrospective. Dans chaque section, le public récompense les films les plus dérangeants. Des avant-premières figurent au menu du RAMDAM mais uniquement des films qui méritent le label RAMDAM. En 2011, Incendies, Biutiful, Die Fremde et Hasta la Vista en étaient. Cette année, on y verra notamment le très attendu Sleeping Beauty, Detachment, Tyrannosaur et le belge Tot Altijd dont nous vous parlerons assez longuement demain. Nous offrirons d’ailleurs des tickets pour cet électrochoc que beaucoup pointent comme l’évènement 2012 du cinéma flamand. On est évidemment 100% d’accord avec eux. La soirée est d’autant plus intéressante qu’il sera ensuite assez difficile de voir le film en Wallonie et que Nic Balthazar, son formidable réalisateur sera présent à Tournai, lundi 23 à 20h15.
En 2012, un jury remettra le prix de la presse dans la catégorie documentaire. Armadillo, un documentaire-choc de l’armée danoise en Afghanistan, a profondément secoué les festivaliers. La semaine prochaine, on y découvrira Nobody’s Perfect, couronné au Eop Festival de Namur et L’Affaire Chebeya, un Crime d’État, sulfureuse enquête du Belge Thierry Michel sur le meurtre d’un activiste congolais.
Les organisateurs mettent aussi en avant une catégorie rétrospective dans laquelle ils programment des films qui ont marqué l’histoire du Cinéma en défrayant la chronique par leur caractère RAMDAM. Cette année, on y verra notamment De Bruit et de Fureur, Portier de Nuit et deux films belges : Rundskop (inédit à Tournai, quatre projections du 18 au 23 janvier, détails ici) et Déjà s’envole la fleur Maigre, un long métrage de Paul Meyer sur l’immigration italienne en Wallonie qui servit de propagande au ministère de l’époque pour expliquer le bien-fondé de la politique d’immigration. Les temps changent… (horaires ici)
Dimanche 22 à 20h30, on aura droit à une soirée hot présentée par Jean-Louis Lahaye qui aborde de front la sexualité, par définition prétexte à un cinéma qui dérange.
Cerise sur le gâteau, l’acteur américain Adrien Brody sera présent au RAMDAM festival le mardi 24 janvier pour la clôture du festival. Il fut le plus jeune acteur oscarisé, pour son rôle Le pianiste de Roman Polanski, Palme d’or à Cannes en 2002. Il a également joué dans des oeuvres très diverses telles que King Kong, Predator, The Expérimentent, The Jacket, Midnight in Paris,… Une séance du film Detachment s’ajoute donc le mardi 24 janvier à 20h15.