Quand je serai petit…
Les Gens du Nord.

Quand je serai Petit. Un titre tout en mystères et en promesses. Doux comme une vieille ritournelle enfantine. Moue d’amertume et sourire attendri en coin, Jean-Paul Rouve replonge au coeur de son enfance perdue sur les traces d’un môme qui a soudain évoqué chez lui de bouleversants souvenirs. Pour rencontrer un père qui n’est pas le sien, mais qui pourtant lui ressemble sur bien des points. Un film compliqué? Pas tant que ça, non. Mais émouvant, ça oui !Avec un Benoît Poelvoorde magistral. Tout simplement.

 

 

Durant une croisière qu’il effectue avec son épouse, Matthias, jeune quadra un poil désabusé, aperçoit un gamin qui capte son attention. Il a 10 ans, le même prénom que lui et une attitude qui lui rappelle furieusement le petit garçon qu’il fut. De retour en France, avec les bribes d’information dont il dispose, Matthias part à sa recherche et découvre, abasourdi, que le petit Mathias revit, trente ans plus tard, jusque dans les détails les plus intimes, sa vie à lui; la vie de cet aîné dont il ignore tout.  Matthias, qui cultive quelques douloureux regrets, pourra-t-il aider le garçon à connaître une existence meilleure et éviter à sa famille de répéter les mêmes erreurs? Quitte à délaisser sa propre vie, à mentir à ses proches, à se perdre dans un fantasme de trajectoire parallèle ?

 


Le pitch de Quand je serai petit n’est pas sans évoquer le Quartier Lointain de Sam Garbarski (d’après le manga de Jiro Taniguchi). La situation initiale n’est pas tout à fait pareille, mais les analogies sont néanmoins évidentes. Qu’importe…  le traitement que lui applique Jean-Paul Rouve est assez différent. À commencer par le fait que le personnage principal n’est pas transporté dans le passé, dans son corps d’enfant. Il est juste un adulte qui va s’immiscer dans un univers qui n’est pas le sien pour tenter de changer la donne.

 

Quand je serai Petit débute mollement. C’est un élément à signaler pour souligner que le film qui se densifie au fil du temps, bascule après une vingtaine de minutes pour devenir tout à coup hypnotisant. Est-ce dû à un twist scénaristique? Pas du tout !

C’est à ce moment qu’apparaît, pour la première fois, le père du petit Matthias, campé par un certain Benoit Poelvoorde. Etonnement, la star belge est créditée au générique non comme acteur, mais pour une « participation amicale »  (en Belgique, le film sort le 25 juillet, il sera bien crédité sur l’affiche!). Or, même s’il incarne un personnage secondaire, Benoit est très présent. Et il est magistral.

 

 

Magistral ? D’abord parce qu’il aborde un registre dans lequel on n’a pas l’habitude de le voir: d’une totale sobriété, presque timide, secret, en retrait. Aucun rapport avec ses prestations dans Entre ses mains où, déjà à contre-emploi, il était assez inquiétant ou dans Les Émotifs Anonymes. Même si le film de Jean-Pierre Améris n’était pas une comédie débridée, le ton était décalé.

 

Rien de tout cela ici : Benoit évolue dans un premier degré confondant de naturel et de pudeur. Il est  un homme simple, sympathique, discret, voire un peu renfermé, qui aime regarder les avions décoller et les photographier, qui tente de s’acquitter le mieux possible de son rôle de père et de mari.

 

 

La complicité de Rouve et Poelvoorde à l’écran est patente. On le savait depuis Podium où Jean-Paul incarnait Couscous, un sosie de Polnareff, aux côtés du mythique Bernard Frédéric. Mais leur alchimie, débarrassée de tous les atours du « jeu » classique », saute ici, plus que jamais, aux yeux.

C’est une des plus belles réussites de ce film qui bonifie au fil de sa progression, qui émeut et qui, finalement, transporte le spectateur.

 

Une (très) belle réussite fragile et grave; tout en subtilité, tout en douceur.

 

 

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