Muidhond, 4e long métrage de la réalisatrice belge Patrice Toye, adaptation du roman éponyme de l’autrice hollandaise Inge Schilperoord, offre le portrait saisissant, sans concession mais surtout sans a priori, d’un jeune homme qui souffre tiraillé par ses démons, et nous met sans aucun sensationnalisme dans la peau d’un pédophile.
Jonathan, un jeune homme doux, est libéré de prison faute de preuves. Il retourne alors vivre chez sa mère dans une maison près des dunes. Jonathan veut oublier le passé et est déterminé à devenir différent, meilleur. Bien qu’il respecte scrupuleusement les règles, ses bonnes intentions sont mises à l’épreuve lorsqu’une maman et sa fille s’installent à côté de chez eux.
Car si Jonathan a l’air calme vu de l’extérieur, il bouillonne intérieurement. Lui sait. Lui connaît ses pensées, des pensées qui le hantent, des pensées qu’ils voudraient pouvoir éliminer, et qu’il est déterminé à ne pas laisser prendre le dessus. Mais ce combat intérieur contre ses propres démons, lutte universelle ente le bien et le mal, est bouleversé par l’intrusion d’une petite fille qui vient semer le chaos dans sa tentative de réhabilitation.
Elke vit seule avec sa mère. Comme Jonathan, elle est terrassée de solitude, et semble prête à tout pour trouver un peu d’amour, celui que sa mère peine à lui offrir. Alors quand elle reconnaît en Jonathan un grand blessé, un jeune homme plombé dans sa solitude, elle y voit une âme amie. Dans ce no man’s land post-industrielle, au fil de l’eau, dérivent les éclopés de la vie. Elke, et sa soif d’affection. Jonathan, et son impossible combat. Ce sont deux souffrances qui se percutent, et cette collision va remettre en cause toutes les résolutions du jeune homme.
Patrice Toye s’empare à bras le corps de la question de la pédophilie, l’abordant de front, prête à faire exploser au vol toutes les certitudes du spectateur. Elle observe la souffrance d’un jeune homme, la part du bien, la part du mal. Jamais le film ne choque par ce qu’il montre, c’est l’imagination du spectateur qui est à l’oeuvre ici. Le film est l’adaptation du roman éponyme
La tension dramatique nait non pas tant de ce qui arrive que de ce qui pourrait arriver. La cinéaste maintient le spectateur constamment sur la brèche, et le combat intérieur du jeune homme se propage peu à peu chez le spectateur qui se voit remettre en question tout ce qui’l croyait savoir et penser sur la pédophilie. Le film ne l’absout en aucun cas, mais expose le mal qui ronge un jeune homme en lutte.
Pour incarner Jonathan, il fallait un grand acteur, intense et audacieux. Tilman Govaerts repéré dans Girl, et dans le court métrage Passée l’aube est de cette trempe. Il construit un Jonathan aux abords impassibles, laissant deviner le feu qui le consume de l’intérieur.
Muidhond offre le portrait saisissant, sans concession mais surtout sans a priori, d’un jeune homme qui souffre tiraillé entre ses penchants pédophiles. « J’ai peur d’être moi-même », confie Jonathan. « J’ai peur de mes pensées. » Avec ce film, Patrice Toye livre une oeuvre d’une tension dramatique surprenante, et nous montre montre un pédophile qui ne redoute rien tant que lui-même.
Avec Muidhond, film sous haute tension, la cinéaste belge Patrice Toye convoque avec audace la question de la pédophilie, s’intéressant au combat intérieur mené par un jeune homme déterminé à combattre contre ses pulsions. Le film sort le 29 janvier dans les salles belges.