Flandre, année 1978. Vous êtes mineure et enceinte. Vous ne pouvez ou ne voulez pas garder l’enfant, pour quelque raison que ce soit. L’avortement est exclu, car interdit par la loi. Et c’est un péché mortel dans la Flandre du catholicisme.
Il y a une solution… une adresse secrète…
De mai 1970 à 1982, des jeunes filles enceintes séjournent anonymement jusqu’à leur accouchement dans le grenier de l’hôpital Maria Middelares (Marie Médiatrice) à Lommel.
Une soeur, Marie-Johanne, de l’ordre de l’Enfant Jésus, a la haute main sur le grenier. Elle a conçu un plan brillant. Faire en sorte que les jeunes filles et jeunes femmes “en difficulté” soient recueillies en toute discrétion et planifier l’adoption des bébés non désirés par des couples désespérés de ne pas pouvoir en avoir.
À leur arrivée dans le grenier, les jeunes filles reçoivent une autre identité. Dès que les contractions commencent, elles sont emmenées en France, clandestinement – et souvent contre leur gré – pour y accoucher “sous X” à l’hôpital le plus proche de la frontière : Villette à Malo-les-Bains. Immédiatement après la naissance, l’enfant est retiré à sa mère. La date de naissance est falsifiée et l’identité du nourrisson modifiée. Les jeunes filles elles-mêmes sont ramenées à la maison et doivent faire comme si ça ne s’était jamais passé, elles n’ont jamais été enceintes. La réalité est effacée.
Il y a une dizaine d’années, lorsque j’ai été confrontée pour la première fois à ce sujet, j’ai été tellement impressionnée qu’il m’a fallu tout d’abord l’assimiler, le laisser décanter. L’histoire ne me lâchait pas. Il fallait que je la raconte et j’allais la raconter.
D’un côté je ressentais un fort besoin de témoigner de l’injustice faite à ces jeunes filles ; de l’autre je voulais également raconter une histoire qui puisse dépasser le cadre temporel anecdotique de cette époque. Je voulais que ce soit intègre, sincère et captivant, sans jamais tomber dans le sensationnel ou le réquisitoire.
Ce film raconte l’histoire de deux jeunes et fortes femmes, il parle de leur résistance et de leur capacité à rebondir, de leur amitié née dans des circonstances difficiles, ainsi que du fait d’être enceinte et de devenir mère.
Depuis que je suis maman moi-même, je sais qu’il n’y a rien de plus fondamental. C’est un thème originel. Et en cela l’histoire dépasse l’aspect temporel d’une époque.
Little Black Spiders parle de la force universelle que nous portons en nous, chacun d’entre nous. C’est une histoire honnête de valeurs, de choix et d’injustice.