Le grand écran sur le petit

On est d’accord : le Festival de Cannes 2011 a été LE festival des Belges. Passé les congratulations, le champagne et les petits gâteaux, les médias se sont penchés cette semaine sur la santé du cinéma belge: impérial à l’étranger, plus confidentiel chez nous. Dit-on.

Cette mélodie amère qui engendra Cinevox est devenue un refrain lancinant, bien sans l’air du temps. Normal dès lors que des journalistes examinent avec intérêt la situation de ce ciné d’ici et cherche les moyens de remédier à un mal récurrent qui l’empêche de se développer davantage.

C’est d’abord RTL+, programmé juste avant le JT de la mi-journée sur TVI qui a abordé la question avec deux invités prestigieux: Bouli Lanners, barbe rousse de Viking (il tourne dans le nouvel Astérix) et Philippe Reynaert, directeur de Wallimage, qu’on n’a pas l’habitude de voir sur la chaîne privée, surtout vêtu d’un T-Shirt rouge et palmé aux couleurs de Cinema Made in Wallonia.

« Souvent Palmé, mais ennuyeux ? » était le titre très provocateur de l’émission. Auquel Bouli Lanners répond avec force :  » C’est une très vieille idée reçue qui ne correspond plus à la réalité. Ceux qui disent ça, sont ceux qui n’ont plus vu de films belges en salle depuis très longtemps. »

La séquence dure un gros quart d’heure et nous ne saurions trop vous conseiller de la regarder in extenso. Philippe Reynaert y explique très simplement (et fort judicieusement), pourquoi le cinéma flamand cartonne chez lui et que le cinéma wallon a plus de mal à attirer le spectateur dans ses salles. C’est simple. C’est lumineux. C’est juste évident ! Le reste est à l’avenant.

Le lendemain, c’est David Courier qui accueillait sur Télé Bruxelles trois distributeurs de films « indépendants » : Éliane du Bois (Cinéart), Olivier Bronckart (O’Brother Distribution) et Jeremy Burdek (uDream). Tous étaient réunis pour analyser les dangers du métier, surtout lorsqu’on aborde la question de la distribution d’œuvres belges. Surtout ? Pas particulièrement, en fait.

Car le débat nous apprendra que s’il est compliqué de sortir en salles des longs métrages qui ne bénéficient pas d’un énorme budget, il n’est pas plus difficile de lancer dans le circuit un film belge qu’un film d’auteur français ou anglais. « Au contraire », souligne Éliane du Bois qui se réjouit de l’accueil réservé par le public belge (des trois régions) au Gamin au Vélo : 10.000 spectateurs alors que la première semaine d’exploitation n’est pas encore terminée: c’est bien !

Évidemment, toutes les productions ne réussissent pas aussi bien. David Courier livre quelques exemples assez cruels dont celui de Quartier Lointain, cuisant échec en Belgique et en France alors qu’il présente pourtant des qualités incontestables (et incontestées, d’ailleurs) et s’appuie sur un manga à succès. On a énormément parlé du film, dans la presse et sur les blogs, mais au bout du compte, très peu de gens se sont déplacés pour le voir. Étrange. Et triste.

« On n’est pas nécessairement soutenu au niveau de la promotion », explique Olivier Bronckart (O’Brother Distribution). « On a quelques aides, mais notre problème est qu’il faut faire exister ces films-là dans la conscience du public potentiel. »

C’est-à-dire: pile-poil notre discours et notre raison d’être. On va finir par croire qu’on arrive vraiment au bon moment 😉

 

(la photo en tête d’article est une capture d’écran de l’émission « RTL+ ». La photo dans le corps de l’article est tirée de l’émission « Un Soir à Bruxelles » – réalisation Yves Lobry – sur TLBruxelles. Les liens pour les regarder se trouvent dans l’article. )

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