[La Belgique euphorique à l’ACID]
Le printemps d’Alessandro

L’Eté de Giacomo, on en parle depuis des mois.  Ce documentaire présenté au Festival du film de Locarno 2011, y a remporté le Léopard d’Or dans la section « cinéastes du présent » (photo ci-dessous). Au Festival du film de Belfort 2011, il a glané le Grand Prix du Jury. Malgré son titre italien, ce long métrage est majoritairement  produit en Belgique grâce aux Films Nus et à l’intervention de la Fédération Wallonie Bruxelles.  Alessandro Comodin qui l’a signé était déjà  à Cannes en 2009. Il y revient cette année dans la même section Acid qu’Amélie van Elmbt. En séance spéciale.

 

 

Alessandro est né en 1982 dans un village du Frioul, au nord-est de l’Italie. Passionné de lettres, il étudie à Bologne puis rejoint l’INSAS à Bruxelles où il effectue sa dernière année en section réalisation. Un parcours atypique? Un parcours personnel en tous cas. Sa ligne directrice s’appelle Pasolini. Alessandro est d’abord fasciné pour les compositions poétiques de l’artiste italien. Une découverte qui le conduit naturellement vers le cinéma.

 

 

Entre Bologne et Bruxelles, Alessandro étudie la réalisation à Paris 8 dans le cadre du projet Erasmus. L’occasion d’apprendre le français surtout; mais de rencontre en rencontre, il passe le concours d’entrée à l’INSAS et y est accepté. Sa vision très particulière du 7e art n’est pas du goût de tous. Pour son film de fin d’études, il avance des options qui semblent étranges à beaucoup de ses professeurs. Qu’importe ! Il consacrera son court métrage à la fièvre de la chasse pour montrer comment l’être humain renoue avec ses pulsions animales dans certaines circonstances. Au passage, il refuse aussi la présence d’un chef’op. Envers et contre tout, il poursuit son projet et récolte une note inférieure à la moyenne. Un échec? Ça dépend pour qui, car Jagdfieber (c’est le titre) est sélectionné en 2009 à la Quinzaine des réalisateurs cannoise dans la section « court métrage ». Il ne faut jamais céder à la pression ambiante. Ne jamais renier ses rêves !

 

 

L’été de Giacomo suit un jeune homme au cœur de l’été italien. Il a 19 ans, il est sourd. Un jour,  il part au bord d’un fleuve avec Stefania, son amie d’enfance pour faire un pique-nique. Les deux jeunes s’écartent des sentiers battus et finissent par se perdre. Ils se retrouveront seuls et libres pendant une après-midi qui pourrait durer un été entier. La sensualité accompagne les jeux d’enfants jusqu’à ce que Stefania et Giacomo prennent conscience que l’aventure qu’ils viennent de vivre ensemble n’est rien d’autre qu’un souvenir doux amer d’un temps déjà perdu

 

 

À Cannes ou ailleurs, le principe qui régit l’ACID est de faire défendre une œuvre par d’autres cinéastes. Pour L’Estate di Giacomo, les ambassadeurs s’appellent Pascal Deux et Mariana Otero. Pour présenter leur poulain, ils ont écrit un texte qui figure sur le site de l’association. Le voici :

 

Des éclats de lumière, de l’eau, des rires, des cris, des éclaboussures, des marches sur des sentiers, les herbes qui fouettent les mollets, de la boue chaude et païenne sur les corps, de la sensualité, « premier amour et autres chagrins », l’éveil, l’émerveillement, le trouble, « vous êtes tous verts de peur, car dès les premiers baisers vous savez que ça ne pourra pas durer », le cinéma des origines et les origines du cinéma, l’insouciance, la confiance dans le cinéma, dans le plan, dans l’image, le son, les personnages, croire que tout ça fait récit, est émotion, résonne chez le filmeur comme chez le spectateur, le courage de quitter le chemin tracé de ce qu’on avait décidé de faire, l’amour fou du cinéma, la captation de l’éphémère , de ce qui ne se produit qu’une fois, ne se reproduira plus, la vie, la mort , la fin à l’ouvrage, la mélancolie, qu’est-ce que c’est beau la mélancolie, Les petites amoureuses et Badlands, au diable les références et les citations, regardons là le film que nous avons sous les yeux et voyons le comme ce qu’il est, un simple et pur moment d’enchantement.

 

La belle aventure d’Alessandro continue. Hors des modes, hors des sentiers battus. Mais son nom est dorénavant connu de tous les décideurs et il ne devrait pas avoir de difficultés à concrétiser ses prochaines envies de cinéma. Encore une belle histoire, non?

 

 

 

 

 

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