Dans la foulée de son périple cannois, Hors les Murs est sorti au Canada ce vendredi. Comme chez le cousin américain, c’est, en effet, en fin de semaine que les nouveaux films prennent leur quartier dans les salles du côté de Montréal. Coproduction canadienne grâce à Daniel Morin, le film de David Lambert est accueilli sur place comme un véritable film du terroir (un célèbre critique canadien avait même de facto naturalisé David via un Tweet cannois).
[Daniel Morin, le coproducteur canadien avec Jean-Yves Roubin, le producteur belge – photo Marianne Grimont)]
Coproduction oblige, Hors les murs, réalisé par un Belge est interprété par deux Français et une Québécoise. C’est elle qui est mise particulièrement en avant dans la presse canadienne, même si, elle le reconnaît volontiers elle-même, elle n’a dans le film qu’un rôle somme toute secondaire, celui de la fiancée qui va virer Paulo, car elle se sent incapable de lutter contre ses penchants homosexuels.
Mélissa Désormeaux-Poulin (photo ci-dessus), puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a été remarquée par David dans Incendies.
« J’ai accepté tout de suite, » a-t-elle confié (au site Canoe). « C’est une petite participation, mais le scénario est très intéressant. C’est comme un opéra en trois actes : le coup de foudre, la découverte de l’autre, et la déchirure… J’ai aimé tourner en Belgique, a-t-elle dit. Et ça m’a également fait réaliser comment Incendies avait pu changer mon parcours. »
Dans l’ensemble la presse québécoise est très réceptive au film qui, rappelons-le a remporté le grand Rail d’Or à la semaine de la critique cannoise.
Dans Le Devoir, François Lesveque la joue nostalgique et romantique : « Vous souvenez-vous du moment précis où vous êtes tombé amoureux, à la seconde près ? Au cinéma, un tel épisode bénéficie souvent d’une séquence élaborée, avec musique, regards et force silences. Hors les murs contient une telle scène, laquelle obéit au canon détaillé précédemment : ses yeux se détachant de l’écran où l’on projette un film muet, un jeune homme en observe un autre, ce dernier assis à son piano, complètement absorbé par l’accompagnement musical. L’instant passe, fluide, vrai. On ne sent ni la formule, ni l’effort. Et par ce seul regard, un acteur nommé Guillaume Gouix parvient à rendre discernable la naissance d’un sentiment amoureux. »
« Hors les murs a tous les ingrédients, et les émotions, nécessaires pour faire passer un bon moment aux cinéphiles équipés d’une boîte de Kleenex qui aiment se faire bercer par une belle romance. » enchaîne Cédric Bélanger dans Le Journal de Montréal. « Celle-ci doit beaucoup de son efficacité aux comédiens Matila Malliarakis et Guillaume Gouix, qui forment un couple crédible et touchant. Le scénario signé David Lambert évite aussi de tomber dans un mélo trop appuyé. »
« De fait, les scènes d’intimité entre Ilir et Paulo sont tour à tour torrides, sensuelles et d’une cocasse tendresse », confirme Manon Dumais dans Voir Montréal. « Ainsi, après le désir brûlant, les nuits blanches, la routine s’installe doucement, Paulo réclamant de l’attention avec une moue enfantine tandis qu’Ilir, tentant de travailler, le regarde, mi-amusé, mi-exaspéré. »
Cet enthousiasme pour les acteurs est entériné par Marc-André Lussier dans La Presse : « … les deux acteurs en présence donnent chair à leur personnage. Guillaume Gouix, particulièrement, affiche une présence remarquable. » Qui enchaîne avec un point de vue sur la mise en scène. « David Lambert a opté pour une approche réaliste, mais on sent aussi chez lui un souci d’esthétisme, particulièrement sur le plan de la composition des images. »
Pour découvrir le film dans les salles belges et françaises, il faudra patienter jusqu’au mois de novembre. A priori, le 14 chez nos voisins et le 21 chez nous. Avant cela, Hors Les Murs devrait participer au FIFF namurois. Et à d’autres festivals à travers le monde. A commencer par celui de Karlovy Vary en République Tchèque dans la section Another View (29 juin au 7 juillet) et au Festival Paris-Cinéma (29 juin au 10 juillet).