Hasta La Vista : L’échappée belle

Ils sont amis. Ils adorent le très bon vin et les femmes. Le vin, ils le connaissent sur le bout de la langue et en boivent très souvent. Les femmes, ils en parlent, de loin, imaginent et fantasment. Car même s’ils ne sont plus des enfants, tous trois sont encore puceaux. Le souci? L’un est (presque) aveugle, l’autre est confiné sur une chaise roulante et le troisième est complètement paralysé.  Et dans notre société, Monsieur, on tolère ces gens-là, surtout s’ils restent discrets et ne font pas de vague. Mais guère plus.

Lorsque la nouvelle leur parvient, qu’il existe en Espagne un bordel conçu pour assouvir leurs désirs, ils n’y tiennent plus: ce sera le voyage de leur vie. Et rien ni personne ne pourra les stopper. Mais alors qu’ils ont tout prévu, tout planifié, un des trois potes reçoit un diagnostic terrible: la tumeur qui le taraude va le tuer sous peu. Plus question pour ses parents de le laisser partir. La folle équipée se fera donc sans l’assentiment général, dans la marge, avec une camionnette pourrie et un accompagnateur pour le moins surprenant.

Hasta La Vista est sorti en DVD et nous avons jusqu’au 7 octobre sept exemplaires à vous faire remporter ICI

 

Véritable phénomène du cinéma belge, Hasta La Vista a marqué la fin 2011 de son empreinte et trace aujourd’hui son merveilleux sillon dans les pays limitrophes. Le film a été un gigantesque succès au box-office (essentiellement flamand), réunissant plus de 250.000 spectateurs. En France, HLV a attiré plus de 120.000 cinéphiles. C’est un authentique exploit pour un long métrage flamand non doublé. Par comparaison, Adem (Oxygène) a vendu 14.000 tickets chez nos voisins du Sud et Rundskop la star des stars, seulement 69.551. Un exploit, on vous dit.

 

 

Il faut dire que le film a été découvert par Claude Lelouch dans un festival au tout début d’année et que le réalisateur/producteur/distributeur s’est immédiatement entiché de ce road movie totalement non conventionnel, drôle et émouvant. Au point de mouiller sa chemise dans les salles de province où il accompagnait souvent les avant-premières. Avec un film aussi réussi, le seul souci est de faire venir les premiers spectateurs. Ensuite, le bouche à oreille se charge de remplir les salles. Mission accomplie.

 

S’il a dominé Rundskop en France, Hasta la Vista a été sa victime en Belgique : l’éclosion internationale de Matthias Schoenaerts, l’audace formelle et narrative de Michael Roskam et les 500.000 fans flamands captivés par ce drame bouleversant maquillé en thriller ont forcément éclipsé la « concurrence », notamment lors de la cérémonie des Magritte.

 

 

Pourtant, Hasta La Vista est une véritable révélation, même si son réalisateur, Geoffrey Enthoven n’est pas un débutant. On lui doit entre autres Happy Together et Meisjes deux longs métrages parus ces cinq dernières années. Mais l’homme est actif depuis plus d’une décennie sur les écrans. Il n’empêche qu’il a trouvé ici une formule magique, un miraculeux équilibre entre audace et universalité, humour et émotion, délicatesse et brutalité. Un état de grâce qui repose aussi, naturellement, sur les épaules de ses magnifiques interprètes : Tom Audenaert, Gilles de Schryver, Robrecht Vanden Thoren (tous époustouflants !) et… Isabelle de Hertogh, le contrepoint du film à tous les égards.

 

 

Si vous ignorez tout de Hasta La Vista et que vous voulez vous préserver toutes les surprises, sautez ce paragraphe. Mais il suffit de regarder les photographies promo pour savoir que Claude, le conducteur/infirmier qui va conduire le trio en Espagne est en fait une conductrice/infirmière. Un premier contrepoint que nous offre ce personnage. C’est loin d’être le seul. Là, nous vous laissons les découvrir, car c’est également le sel de ce film de se jouer des a priori et des préjugés que tout le monde cultive, y compris ceux qui en souffrent au quotidien.

 

 

Au cœur d’un épatant casting flamand, Isabelle détonne également par ses origines: elle est francophone et si elle baragouine correctement dans la langue de Daan, elle est un indéniable point d’accroche pour les spectateurs wallons et français qui, pour une fois, trouvent naturellement un point d’ancrage dans un long métrage flamand. Nommée aux Magritte 2012 dans la catégorie meilleure actrice, Isabelle fait là une percée éblouissante dans le petit monde du cinéma.

Sa sensibilité, sa bonne humeur contagieuse et la richesse de son jeu devraient lui garantir une jolie carrière. On est loin de lui dire « Hasta la Vista » ! On veut la garder tout près de nous.

 

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