Il était temps que Cannes célèbre enfin officiellement le studio Ghibli, jamais sélectionné en Compétition officielle. C’est donc par un juste retour des choses que Ghibli, cofondé par Hayao Miyazaki en 1985, a reçu une Palme d’Or d’Honneur. Et c’est Goro Miyazaki (celui avec des lunettes sur la photo de ©JP.Malherbe/N.L.P.), fils de Hayao et aussi réalisateur (trois films dont Aya La Sorcière), qui a fait le déplacement sur la Croisette pour recevoir ce prix.
Si Hayao ne s’est pas rendu sur place, il a quand-même gâté les festivaliers en permettant la diffusion de quatre courts-métrages, dont trois totalement inédits en Europe.
Très avare de sa parole, Hayao Miyazaki s’était confié au quotidien « Libération » voilà dix ans, notamment sur la façon dont il en était venu au cinéma: « Dans les faits, je n’ai pas beaucoup étudié le cinéma. Et pour vous dire la vérité, même lorsque j’admire des films, je ne me souviens jamais très bien de qui a fait quoi. Je me souviens très bien des scènes mais très peu des titres et des réalisateurs. Bien sûr, quand je vois Kurosawa écrit en grand, je le note. Mais, en général, je ne retiens que les images. Pour Le vent se lève, par exemple, d’innombrables scènes monochromes issues de films du passé me sont revenues. Je me suis souvenu des films d’Ozu ou de Naruse, qui ont toujours été parmi mes favoris, et qui montraient les conditions très dures dans lesquelles évoluait la société japonaise d’avant-guerre. Moins connu, Tomu Uchida m’a aussi beaucoup marqué. Mais même avec les films que j(apprécie le plus, je mélange toujours un peu dans ma tête qui a réalisé quoi. Je ne me suis jamais défini comme réalisateur ou cinéaste. Il existe des milliers et des milliers de films d’animation au Japon, et les nôtres ne sont qu’une goutte d’eau dans cet océan. Je ne sais pas ce que les autres pensent de moi ou comment ils me définissent. Mais n’arrête en tout cas pas de me poser des questions de mise en scène: ce sont des questions que je pose aussitôt à mon équipe, des problèmes que je leur soumets et que nous tentons de résoudre ensemble, avec toute mon équipe. Il m’arrive même parfois de demander à mon équipe de « mentir» techniquement, avec des effets qui sont purement du cinéma. Je ne sais pas comment les choses se passent dans le cadre du cinéma normal, en prises de vues réelles, mais nous, nous décidons de tout ensemble. Tout est tranché, prévu et planifié en amont. »
Par ailleurs, l’occasion est belle de se replonger dans cinq des fils marquants usinés chez Ghibli. Les dates de sortie renseignées sont celles où le film est sorti au Japon, précédant parfois de plusieurs années une sortie chez nous.
Mon Voisin Totoro (1988)
Le Tombeau des Lucioles (1988)
Princesse Mononoké (1997)
Le Vent se Lève (2013)
Le Garçon et le Héron (2023)