C’est une confirmation : en 2012, le pavillon belge continuera de flotter fièrement sur le Palais des Festivals de Cannes. Avant de connaître le nom des films retenus à la Semaine de la Critique, à la Quinzaine des Réalisateurs c’est la Sélection Officielle qui nous a été révélée ce matin. Matthias Schoenaerts, Bouli Lanners seront en compétition; Joachim Lafosse, Emilie Dequenne, Jérémie Renier et Benoit Poelvoorde dans un certain regard. La crème !
Le Festival de Cannes débutera cette année une semaine plus tard que d’habitude et se tiendra du 16 au 27 mai. Élections présidentielles françaises obligent. Les organisateurs désiraient que le paysage médiatique se dépolitise un peu avant d’ouvrir le grand bal printanier de la cinéphilie flamboyante.
Mais comme d’habitude, l’effervescence cannoise règne déjà depuis des mois en coulisse. Dans toutes les maisons de production du monde, on espère, on propose, on s’interroge, on négocie aussi. Des distributeurs importants font le forcing pour que leurs films vedettes soient mis en évidence. Dans la presse, on investigue, on pronostique, on subodore. Nous ne faisons pas exception à la règle. Nous avons évoqué Cannes dès le mois de janvier et publié le 2 avril un article complet sur le sujet.
Mi-avril les choses sérieuses commencent avec l’annonce des œuvres sélectionnées: les courts métrages d’abord, puis celles de la Sélection Officielle et, la semaine prochaine, les autres sections, certains producteurs préférant patienter jusqu’à la dernière minute avant d’opter pour une case plus pointue, moins suivie par les médias grand public.
Signalons que pour certains d’entre eux, la Semaine de la Critique ou la Quinzaine sont des priorités dès le départ. On sait déjà de source sûre que le cinéma belge qui a misé sur certaines de ses sections sera récompensé. Mais de cela on reparlera lundi et mardi, car ce qui retient aujourd’hui notre attention c’est la publication de la sélection officielle et une confirmation : oui il y aura du bleu blanc belge sur le tapis rouge.
Avancée au 17 mai, la sortie en salles de De Rouille et d’Os semblait présager une sélection cannoise. Bingo ! Le film qui réunit Marion Cotillard, Matthias Schoaenaerts et Bouli Lanners sous la houlette de Jacques Audiard sera bien à l’affiche de la compétition officielle. Un nouveau haut fait d’armes pour les Films du Fleuve des Frères Dardenne qui coproduisent ce choc.
Au programme, une histoire d’amour hors normes, des drames humains, de la tension, du free fight et l’univers du réalisateur qui ne ressemble à aucun autre.
Matthias y incarne Ali. Il a 25 ans, vit dans le Nord et n’a pas d’argent. Il n’en a jamais eu. Lorsqu’on est jeune et seul, l’argent n’est pas un souci. Ça en devient un quand la fille avec laquelle vous avez eu un enfant vous le colle sur les bras. Avec Sam, cinq ans, il décide alors de rejoindre sa sœur qui habite à Antibes. C’est là que le père et le fils qui ne se connaissent pas vont trouver refuge pour l’hiver, dans le sous-sol d’un pavillon. Là aussi qu’Ali croise la route de Stéphanie qui est dresseuse d’orques dans un Parc Aquatique. Quand la belle se retrouve clouée dans une chaise roulante, leur vie bascule et une nouvelle dynamique s’installe entre eux.
La bande-annonce publiée la semaine dernière augure d’un film intense qui ne vient pas au bord de la Méditerranée pour faire de la figuration. Comme A Perdre la Raison. C’est dire le plaisir qu’on va prendre à suivre cette aventure de près.
Nos autres compatriotes présents en sélection officielle sont rassemblés dans la section Un Certain Regard. A commencer par À Perdre la raison. Comme prévu, attendu, espéré, le film de Joachim Lafosse a séduit les sélectionneurs. Le scénario avait interpellé tous ceux qui avaient eu la chance de le lire. Il semble que le film (presque) achevé ait sublimé le texte.
Niels Arestrup, Tahar Rahim qui ont illuminé Cannes avec Un Prophète de Jacques Audiard retrouveront le Palais des Festivals. Mais c’est sans doute Émilie Dequenne qui risque de cristalliser les passions. Treize ans après avoir été récompensée pour son premier film, Rosetta, Émilie revient avec un rôle bouleversant et une interprétation dont on nous dit qu’elle est simplement hallucinante. Le reste du casting est aussi fort engageant avec Baya Belal, Stéphane Bissot, Mounia Raoui, Redouane Behache, Yannick Renier ou Nathalie Boutefeu.
À l’heure actuelle, le film qui sortira le 30 mai dans les salles belges et le 5 septembre en France ne serait pas complètement terminé. Nous ne l’avons naturellement pas encore visionné, mais en voici le synopsis, fourni par son producteur, Versus, qui était déjà présent en France l’an dernier avec Les Géants.
Murielle et Mounir s’aiment passionnément.
Depuis son enfance, le jeune homme vit chez le Docteur Pinget, qui lui assure une vie matérielle aisée. Quand Mounir et Murielle décident de se marier et d’avoir des enfants, la dépendance du couple envers le médecin devient excessive. Murielle se retrouve alors enfermée dans un climat affectif irrespirable, ce qui mène insidieusement la famille vers une issue tragique.
Toute ressemblance avec un fait divers fort connu n’est peut-être pas une totale coïncidence, mais le scénario va bien au-delà du coup médiatique. En fait, on en est très loin. Et cela grâce au talent d’un trio de scénaristes inédit: Joachim Lafosse a travaillé avec le nouveau venu Matthieu Reynaert; les compères ont ensuite collaboré avec Thomas Bidegain, scénariste habituel de Jacques Audiard
Benoît Poelvoorde sera aussi présent dans Un certain Regard avec Le Grand Soir, signé par les Grolandais Benoit Délépine et Gustave Kervern (Mammuth). Et coproduit en Belgique par Panache Productions et la Compagnie cinématographique. L’histoire de deux frères. L’un est vendeur de matelas au chômage (Dupontel), l’autre le plus vieux punk à chien d’Europe (Benoît, donc). La maman est interprétée par Brigitte Fontaine. Ce qui explique beaucoup de choses…
Dernier acteur belge à être propulsé sur le devant de la scène, Jérémie Renier sera à l’affiche d’Elefante blanco, le nouveau film du cinéaste argentin Pablo Trapero. Le réalisateur a pignon sur rue à Cannes puisqu’il a présenté en 2002, El Bonaerense dans la section Un certain Regard, qu’il a été membre du jury des courts métrages en 2004, et qu’il fut encore présent avec Leonera, film choc sur la prison pour femmes et Carancho en 2010.
Jérémie Renier tient un des rôles principaux – son premier en espagnol -, celui d’un prêtre qui arrive à Buenos Aires avec une vision altermondialiste. Il est accueilli par le père Julian (Ricardo Darín). Les deux hommes d’Eglise vont s’affronter et trouver comme arbitre une assistante sociale (Martina Gusmán, épouse à la ville de Pablo Trapero).
Comme le souligne le site du festival, Jérémie Renier est vraiment né au Festival de Cannes. On l’a découvert en 1996 dans La Promesse, de Jean-Pierre et Luc Dardenne à la Quinzaine des Réalisateurs. Il avait 15 ans. Depuis, il est revenu à de nombreuses reprises, notamment pour L’enfant, des frères Dardenne, récompensé par la Palme d’Or.
Dès lundi prochain seront dévoilées les line-up de La Quinzaine des Réalisateurs et de La semaine de la Critique, avec de bonnes surprises en vue pour notre cinéma. Restez branchés.