La Quinzaine des Réalisateurs cannoise fait, cette année encore, la part belle au cinéma belge. La Fée d’Abel, Gordon et Romy en ouverture, Les Géants en clôture et au milieu, Blue Bird, le nouveau long métrage de Gust Van den Berghe, projeté ce jeudi.
L’exploit de ce très jeune réalisateur (25 ans !) est de se retrouver à nouveau sur la Croisette, un an aprés avoir présenté Petit bébé, Jésus de Flandre, un travail de fin d’études qui racontait l’histoire de trois miséreux qui, à la veille de Noël, décident de chanter pour avoir un peu d’argent. Dans la nuit, ils se perdent et trouvent dans une roulette un bébé à qui ils offrent leur pactole. L’année d’après, ils recommencent l’opération, mais ne parviennent pas à se mettre d’accord sur la manière de dépenser leur recette. Tourné en noir et blanc, ce film avait une particularité singulière: la plupart de ses acteurs sont trisomiques. Le film avait surpris, décontenancé, mais beaucoup fait parler de lui. De nombreux professionnels ont immédiatement vu en Gust un futur grand, ce qui justifie évidemment sa deuxième sélection. La Quinzaine n’aime rien tant que de révéler de nouveaux talents et de les aider à s’installer parmi l’élite.
Toujours en quête d’émotions inédites, Gust Van den Berghe s’est inspiré, pour son second essai, du fameux L’Oiseau bleu de Maurice Maeterlinck, écrivain belge qui obtint en 1911 le Prix Nobel de littérature. Dans ce conte initiatique, deux enfants partent à la recherche de l’oiseau bleu. Le voyage leur coûtera leur innocence et ils en reviendront adultes.
Filmé au Togo, en scope, tire son originalité esthétique d’un voile bleu omniprésent. Un parti pris frappant, qui étonne et séduit. Envoûtant, souvent drôle, mais aussi terriblement exigeant (ce n’est pas un film destiné au grand public), l’Oiseau Bleu a été tourné avec des autochtones amateurs qui n’avaient jamais vu une caméra de leur vie. L’exploit du metteur en scène est d’avoir réussi à leur faire jouer la comédie avec un naturel sidérant. Comme si l’interface cinématographique n’était pas là. Comme s’ils vivaient simplement une aventure extraordinaire.
Nos confrères qui s’occupent de la version néerlandophone ont naturellement longuement rencontré Gust Van den Berghe. L’ouverture du Grand Écran du mois de mai (Het Witte Doek in het Nederlands) lui est consacrée ainsi que plusieurs séquences dans la rubrique Director’s Cut.