Le Festival International du Film d’Aubagne a commencé lundi et se déroule jusqu’au 22 mars. Unique dans le paysage des festivals de cinéma en France, le FIFA, classé catégorie A comme le Festival de Cannes ou de Berlin a pour vocation de soutenir la jeune création cinématographique et la création sonore et musicale pour l’image.
Dans la belle ville de Pagnol, de nombreux compositeurs prestigieux sont attendus comme Francis Lai ou Bruno Coulais (Mon pire cauchemar , Microcosmos, Les Choristes), et Jean Michel Bernard qui fera une Masterclass et offrira un concert en première mondiale.
Ce festival a aussi (surtout pour nous) la caractéristique d’être très belge.
[de notre correspondante sur la Côte d’Azur, Maryline Laurin]
Sa déléguée générale Gaelle Rodeville y tient beaucoup : « Nous avons beaucoup d’atomes crochus avec la Belgique, car nous travaillons de manière permanente avec deux festivals : le FIFF de Namur et le Festival de Gent. Du coup nous avons une relation privilégiée pour découvrir des artistes belges. La qualité du cinéma belge est très impressionnante. C’est un cinéma qui a vraiment, aussi bien au niveau du court que du long, une qualité artistique et musicale de haut niveau. Nous sommes les seuls à avoir projeté les 3 films de Fien Troch et lorsque nous voyons qu’elle a obtenu le Magritte (ndlr. Du meilleur film flamand en coproduction), nous en sommes fiers, car c’est un cinéma exigeant qu’il faut défendre ».
Le moins que l’on puisse dire c’est que le FIFA fait ce qu’il dit. L’année dernière, les films belges ou en coproduction ont remporté 7 des 12 prix décernés. Les deux plus prestigieux revenants justement à Kid de Fien Troch (photo ci-dessus) ainsi qu’à Offline de Peter Monsaert …
Cette année nous trouvons moins de films belges en compétition, mais une présence massive de nos compatriotes dans les jurys et dans les sections parallèles et les célébrations.
Le jury long métrage est à 50% belge, composé de Peter Monsaert et de Stephan Dunkelman, épaulés par la compositrice Beatrice Thiriet et le producteur, scénariste Richard Sadler.
[Photo Maryline Laurin]
Peter Monsaert fait ici ses premiers pas dans cette fonction. Heureux de ce retour à Aubagne, il semble plutôt confiant. Cependant avec 10 films en compétition à visionner, une météo plus qu’estivale et de nombreuses rencontres à faire, aura-t-il le temps de compléter son scénario Le ciel flamand qu’il a emporté avec lui ?
Il faut rappeler que Peter Monsaert avait aussi séduit le Festival d’Avignon en 2012 avec la magnifique pièce Baal de Raven Ruëll & Jos Verbist dont il avait réalisé la vidéo.
Stephan Dunkelman, est, quant à lui, compositeur, il a travaillé sur les films de Wim Vandekeybus , André Dartevelle, mais aussi pour des créateurs de mode (Azniv Afsar). Chaque année, en février, il organise la semaine du Son à Bruxelles.
Les jurés devront entre autres juger Puppylove (photo) de Delphine Lehericey, que Gaelle Rodeville aime beaucoup (comme nous, lire ici) : « C’est un très beau film sur l’adolescence, très juste et très réel . Il a un côté qui représente vraiment la génération d’aujourd’hui. ». L’actrice française Solène Rigot viendra défendre le film. Elle triomphe actuellement en France dans Lulu femme nue auprès de Bouli Lanners.
Coté court, nous trouvons dans le jury David Reyes compositeur d’Une chanson pour ma mère qui a aussi écrit la musique du Renard et l’enfant. David Reyes s’était déjà essayé à l’exercice de jury lors du 21e Festival Le Court en dit long en 2013 au Centre Wallonie-Bruxelles et il avait attribué le Grand Prix du Jury à Betty’s Blues de Rémi Vandenitte (La Boîte Productions, Les Films du Nord) .
Va-t-il réitérer ce choix, puisque Betty’s Blues est en compétition à Aubagne ou préférera-t-il un autre des 70 courts métrages de la sélection ?
La concurrence est réelle en termes de films bleu-blanc-belges avec notamment Zinneke accompagné, ici, par son réalisateur Remi Allier, E.riots.iH (La Cambre, 2013) et sa réalisatrice Paula Hricovini, Le labyrinthe (Collectif Caméra-etc, 2013) de Mathieu Labaye avec Cindy Pahaut sound designer, Bruxelles 2012 de Flore Bleibe , présenté par sa compositrice Ségolène Neyroud et De weg van alle vlees avec toute son équipe arrivée en force , son réalisateur Deben Van Dam , Wim Vanswijgenhoven, chef opérateur et le producteur de Bekke Films, Ben Vandendale.
Et n’oublions pas Electric indigo de Jean Julien Colette avec Christelle Cornil (photo), Braise de Hugo Frasseto (La Boîte…, 2011) et Un début de Martin Loeckx (Need Production, 2014)
Le choix va être difficile, gare à l’invasion belge !
Romane Klochklov, réalisateur de Natasha et lauréat à Aubagne l’année dernière sera présent dans La nuit du court métrage, le 21 mars à 22h, qui pour fêter les 15 ans du Festival, présentera les grands prix décernés ces 15 dernières années.
Également au générique Badpakje 46 de Wannes Destoop et Le garde-barrière de Hugo Frasseto.
Le public pourra aussi rencontrer Ana Heuninck réalisatrice de Kassa9 et découvrir :
– Partouze de Matthieu Donck, (Helicotronc, 2013) qui dans la foulée partira en sélection au Festival Itinérances d’Ales.
-Vertige de Christophe Gaudry et Mathieu Brisebras, (La Boîte…, 2012)
– Allez Hop de Juliette Bailly, (La Boîte…, 2013)
– Cleo’s Boogie (Collectif Caméra-etc, 2010)
– Millionaires de Stéphane Bergmans, (Iota Production, 2013)
– Aux pieds des corons de Marie Pynthe, Insas, 2013
Deux hommages seront aussi rendus aux festivals belges partenaires :
Le Film Fest Gent sera à l’honneur avec la projection en avant-première française de L’Envahisseur de Nicolas Provost (lire ici).
Le Festival International du Film Francophone de Namur assurera mercredi à 23h30 une des parties festives du FIFA avec la soirée clip et vinyl party sous la houlette d’Hervé Le Phuez programmateur du FIFF. Un concours de critiques de films est également lancé pendant le festival pour permettre à un jeune Aubagnais de devenir membre du jury junior lors du prochain FIFF.
Et pour l’an prochain?
Felix Van Groeningen a déclaré récemment « que son prochain film Belgica ne sera pas un candidat possible pour les Oscars, car il sera sûrement « trop grossier et trop sauvage pour l’Oscar, et aussi très jeune». Mais qu’il se rassure selon les dires de sa déléguée générale il aura sa place au FIFA : « Déjà cette année nous avons cherché à projeter Alabama Monroe, ce film est extraordinaire…musicalement… Alors oui, nous serons ravis d’avoir ce nouveau film, qui aura peut être un sujet moins rude . »
Rendez-vous samedi afin de savoir si la Belgique va encore faire main basse sur le palmarès du FIFF. En tout cas pendant une semaine, pour paraphraser le badge de la créatrice de mode Olivia Hainaut, présente sur le revers du smoking de Fabrizio Rongione lors de la soirée des Magritte, La vie est belge.
Dans le sud, c’est incontestable !