À Toronto, la Belgique jouera la carte de l’originalité

Amer avait étonné tous les amateurs de cinéma expérimental et plus encore les fans de cinéma fantastique. Hommage respectueux, formellement surprenant, scénaristiquement déroutant, aux gialli italiens des années 70, Amer n’avait pas bousculé le box-office, mais il avait été programmé un peu partout à travers le monde (80 festivals, une dizaine de prix) et s’était hissé jusque dans le dernier carré des meilleurs films belges de l’année lors de la première édition des Magritte du cinéma.

 

Le deuxième long métrage d’Hélène Cattet et Bruno Forzani était donc forcément attendu avec une réelle impatience et beaucoup de curiosité. Tourné dans la plus grande discrétion, à l’abri des regards (ce qui explique que nous n’ayons pas pu nous rendre sur le plateau pour y filmer une capsule, aaargh !) L’Étrange Couleur des Larmes de ton corps a frappé les imaginations lors de sa première projection mondiale au Festival de Locarno. « Expérimental », « troublant », « Original », ceux qui l’ont aimé, l’ont carrément adoré.

 

 

Sélectionné au prochain festival du nouveau cinéma de Montréal (octobre), L’Étrange Couleur des Larmes de ton corps sera aussi programmé dans une autre prestigieuse manifestation canadienne : le TIFF de Toronto qui se déroulera du 5 au 15/09. Il y apparaîtra dans la section Vanguard dédiée aux œuvres «provocatrices, sexy… potentiellement dangereuses». Tiens donc…

 

 

Produit par Anonyme Films et Tonbina Film, le film débute lorsqu’une femme disparaît. Son mari qui enquête sur les conditions étranges de cette disparition se retrouve happé dans un univers cauchemardesque et violent… Entre fantastique et angoisses psychanalytiques, la quête ne sera pas de tout repos.

 

 

Toujours dans cette section Vanguard, le public canadien découvrira Borgman d’Alex van Warmerdam, vu en sélection officielle à Cannes. Il s’agit d’une coproduction minoritaire (avec les Pays-Bas) qui regorge d’acteurs belges : Jan Bijvoet, Jeroen Perceval, Tom Dewispelaere et Gene Bervoets.

 

Personnel, original et intrigant, le troisième long métrage belge qui fera la une à Toronto l’est aussi : I’m the same I’m an other, le nouveau film de Caroline Strubbe y sera présenté en première mondiale dans le programme Wavelengths, réputé pour son audace (voir un extrait ici)

 

 

I’m the same I’m an other suit le cheminement intérieur d’un jeune homme et d’une jeune fille qui s’enfuient ensemble. Sur le bateau cargo qui les emmène en Angleterre, leur passé commun se dévoile. Un passé teinté de perte. Il s’installent en secret dans un petit appartement de la côte anglaise. Unis dans leur deuil, ils vivent au jour le jour en explorant les sentiments l’un de l’autre. Mais pourront-ils cacher leur secret du reste du monde ?

 

 

‘Cette sélection me redonne la foi’, commente Caroline Strubbe, ‘ la “foi” que certains décideurs sont encore prêts à prendre des risques. Le cinéma indépendant américain a été une importante source d’inspiration lorsque j’ai commencé à faire du cinéma. Aller à Toronto avec I’m the same I’m an other après Cannes avec Lost Persons Area est pour moi un réel encouragement.‘

 

Le film forme la deuxième partie d’un triptyque entamé en 2009 avec Lost Persons Area qui avait été présenté à la Semaine de la Critique à Cannes. Kimke Desart et Zoltán Miklós Hajdu reprennent les rôles principaux aux côtés notamment de Reinhilde Decleir. La direction photographique est cette fois signée David Williamson et David Verdurme a assuré le montage. Albert Markos a composé la musique originale.

 

On peut encore attirer l’attention sur le fait que le film d’ouverture du TIFF aura cette année aussi une petite touche belge. En effet, le film de Bill Condon, The Fifth Estate, sur le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, a été filmé en partie en Belgique (à Liège et en Flandre) grâce à Hilde De Laere (une des productrices de Loft de Erik Van Looy) qui l’a coproduit pour FBO.  Sur son affiche internationale, la gare des Guillemins de Liège tient d’ailleurs une belle place.

 

Au Canada, les Belges ne peuvent néanmoins pas espérer un quelconque trophée : le TIFF tient en effet à rester un festival non compétitif et refuse d’organiser un marché officiel. Les professionnels du secteur en ont pourtant fait l’un des rendez-vous incontournables de la rentrée.

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